lundi 7 novembre 2011

VOUS DITES QUE C EST LA FAUTE DE LA GRECE?

Avec le traitement politico-médiatique de l’actuelle « crise » économique, c’est Halloween tous les jours !

En effet, pas un journal télévisé, pas une intervention d’homme politique, pas un sommet européen sans que l’on agite frénétiquement l’épouvantail grec ou que l’on conspue collectivement le croquemitaine Papandreou, ce monstre atroce qui prétendait demander l’avis de son peuple quand à son avenir (mais qu’on a heureusement bien vite ramené à la raison).

La Grèce, avec ses 11 millions d’habitants et son économie représentant à peine plus de 2% du PIB européen, menacerait de faire basculer l’Union Européenne, voir le monde entier, dans le chaos, la tragédie et la misère. Rien de moins.

Tremblez donc, petits enfants, car l’Europe est au bord du gouffre, à deux doigts de la faillite, à un souffle de la ruine, et tout cela, c’est la faute de la Grèce. La Grèce et ses dirigeants corrompus, son peuple de fainéants, ses fonctionnaires trop nombreux et trop payés et son tropisme méditerranéen pour la sieste et le système D para-légal.

Quand Xanis Zatropoulos ne termine pas son chantier pour continuer à percevoir les aides communautaires à la construction ou que Maria Yannakis touche le salaire de son mari mort depuis plusieurs années, c’est toute l’Union qui tremble sur ses bases ! Cela donne une idée de la solidité de l’édifice… Mais peu importe, retenez bien l’horrifique credo : la crise, celle qui menace, de Dublin à Lisbonne en passant par Paris et Rome, votre emploi, votre Assurance vie et l’avenir de vos enfants, c’est la faute des Grecs !

Et ils ont bien intérêt à accepter sans broncher tous les diktats Merkelo-sarkoziens s’ils veulent expier leurs crimes et être un jour pardonnés !

La responsabilité des banques ? Les manipulations de Goldmann Sachs ? Les incohérences européennes ? Le rôle des fonds d’investissements ? La spéculation sur les dettes étatiques ? Les attaques américaines contre l’Euro ? L’irresponsabilité des traders ? Les millards de bénéfices des multinationales dont pas un centime n’est reversé aux Etats ?...

Mais de quoi parlez-vous ?! Vous dites des sottises, vous n’y comprenez rien, vous n’êtes ni un « expert », ni un « spécialiste » qui, seuls, sont aptes à saisir la subtilité des arcanes de l’économie libérale et donc autorisés à donner leur avis dont nous pouvons, chaque jour depuis plus de 20 ans, constater l’efficience, l’honnêteté et la clairvoyance.

L’économie c’est complexe, technique, il faut la laisser aux techniciens réunis dans de grandes organisations internationales de type FMI ou OMC qui savent ce qui est bon pour le monde, du moins pour le leur.

Quand tout va bien, il est vrai qu’on s’interroge parfois sur la légitimité et les objectifs réels de ces grands organismes mondialistes ni élus ni contrôlés par quiconque. Mais quand ça barde, quand ça va mal, qu’on nous promet une crise de 29 tous les 15 jours, une explosion sasn précédent du chômage et la disparition de notre épargne, on est alors bien content de s’en remettre aveuglément à ces ombres tutélaires, ces grosses têtes autoproclamées, aux titres ronflants et aux visages hiératiques de grands prêtres de la finance déifiée. Prêts alors à leur sacrifier sans hésiter un instant des pans entiers de nos libertés collectives et individuelles, à leur laisser les clefs de la maison et la garde des gamins, à condition qu’ils nous préservent, grâce à leurs pouvoirs méta-humains, de la perspective d’une « récession » synonyme de caddies vides, d’annulation de vacances et de sapin de Noël sans Iphone 4 enrubanné à ses pieds.

Et s’il faut pour cela se débarrasser de Nikos Andropoulos, l’ordure qui n’a pas déclarée au fisc la vente de ses 50 litres d’huile d’olives, et bien nous le pendrons de nos propres mains ! Tout plutôt qu’ « on » nous retire notre triple A, ce symbole étrange et magique dont tout le monde ignorait l’existence et encore plus la signification il y a encore quelques mois mais dont l’avenir fait désormais trembler d’angoisse le plus modeste foyer d’Auvergne ou de Vénitie. Pour le sauvegarder, nous sommes désormais prêts à accepter qu’un peuple désigné fautif se voit imposer des lois et des règles coercitives par des élites étrangères et sans légitimité qui elles-mêmes se gobergent des milliards de bénéfices d’une économie qui n’a jamais été aussi riche tout en profitant à un si petit nombre.

Nous n’aurons donc pas à nous plaindre quand viendra notre tour.

source :ZENTROPA

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