samedi 13 octobre 2012
vendredi 12 octobre 2012
lundi 11 juin 2012
dimanche 3 juin 2012

Regard haineux, pas de poignée de main, ni même de bonjour aux quelques “mécréants” venus écouter leurs blablas !
MOLENBEEK Surréaliste la conférence finalement tenue devant la presse vendredi soir par Sharia 4 Belgium. A la clef, de nouveaux propos hallucinants qui interrogent sur la réflexion à mener pour lutter contre ces ennemis du “vivre ensemble”.
Qu’on tente de se rassurer : il n’est jusqu’à présent question que de manipulateurs en herbe qui incitent insidieusement à la haine. Bref, une poignée d’obscurantistes qui portent atteinte à l’image même de la religion dont ils se revendiquent. Pas d’amalgames à faire, donc, surtout que nombreux sont les musulmans à contester ce mouvement.
Que s’est-il passé vendredi ? Ces énergumènes ont tenté de tenir une conférence à deux pas de la manifestation qu’ils avaient organisée aux portes du commissariat molenbeekois. Laquelle a réuni une soixantaine de sympathisants, dont une quinzaine de femmes en niqab et s’est vue tolérer par les autorités pendant près d’une heure et demie. Le reste de l’attroupement était constitué de curieux ou de jeunes venus en petit comité braver l’interdiction de tout rassemblement de plus de cinq personnes en vigueur jusqu’au lendemain matin. On connaît la suite.
Sharia 4 Belgium n’a néanmoins pas lâché l’affaire. C’est finalement à Zellik sur le coup de 22 heures dans le salon d’un appartement au quatrième étage d’un building sis au Breughelpark qu’une dizaine de membres du groupuscule extrémiste ont pu tenir leur conférence, enfin… si l’on peut appeler cela comme ça au vu du soliloque de Fouad Belkacem. Lequel a refusé de répondre à de multiples reprises aux questions des journalistes.
Stéphanie, la présumée “victime” en niqab d’un contrôle policier qui a dégénéré (une policière a eu le nez cassé et y a perdu deux dents…), s’est retranchée derrière la version stupéfiante des faits contée par “son protecteur”, y ajoutant quelques menus détails pour le moins curieux : à voir !
Au rayon des propos hallucinants : “C’est moi qui vous dis : si vous n’acceptez pas les musulmans, si vous n’acceptez pas la religion d’Allah, si vous n’acceptez pas la Sharia qui va vous dominer et qui va vous dire quoi faire, ben… déménagez alors ! Vous pouvez partir avec Geert Wilders, Filip Dewinter et tous les autres mécréants. Je ne sais pas… allez au pôle Nord ou allez ailleurs ! C’est nous qui vous disons : ou bien vous acceptez, ou bien vous vous tirez” , a notamment asséné Fouad Belkacem qui souhaite imposer la Sharia en Belgique et tantôt crache sur la démocratie, tantôt l’invoque pour défendre ses convictions hasardeuses.
Précisons encore que Stéphanie, 22 ans et convertie à l’Islam depuis quatre ans, est la femme de l’un de ces agitateurs qui ont pignon sur rue. Et Stéphanie de voir le positif de l’affaire : “Ça ne fait que renforcer mon envie de porter le niqab…”
MOLENBEEK Surréaliste la conférence finalement tenue devant la presse vendredi soir par Sharia 4 Belgium. A la clef, de nouveaux propos hallucinants qui interrogent sur la réflexion à mener pour lutter contre ces ennemis du “vivre ensemble”.
Qu’on tente de se rassurer : il n’est jusqu’à présent question que de manipulateurs en herbe qui incitent insidieusement à la haine. Bref, une poignée d’obscurantistes qui portent atteinte à l’image même de la religion dont ils se revendiquent. Pas d’amalgames à faire, donc, surtout que nombreux sont les musulmans à contester ce mouvement.
Que s’est-il passé vendredi ? Ces énergumènes ont tenté de tenir une conférence à deux pas de la manifestation qu’ils avaient organisée aux portes du commissariat molenbeekois. Laquelle a réuni une soixantaine de sympathisants, dont une quinzaine de femmes en niqab et s’est vue tolérer par les autorités pendant près d’une heure et demie. Le reste de l’attroupement était constitué de curieux ou de jeunes venus en petit comité braver l’interdiction de tout rassemblement de plus de cinq personnes en vigueur jusqu’au lendemain matin. On connaît la suite.
Sharia 4 Belgium n’a néanmoins pas lâché l’affaire. C’est finalement à Zellik sur le coup de 22 heures dans le salon d’un appartement au quatrième étage d’un building sis au Breughelpark qu’une dizaine de membres du groupuscule extrémiste ont pu tenir leur conférence, enfin… si l’on peut appeler cela comme ça au vu du soliloque de Fouad Belkacem. Lequel a refusé de répondre à de multiples reprises aux questions des journalistes.
Stéphanie, la présumée “victime” en niqab d’un contrôle policier qui a dégénéré (une policière a eu le nez cassé et y a perdu deux dents…), s’est retranchée derrière la version stupéfiante des faits contée par “son protecteur”, y ajoutant quelques menus détails pour le moins curieux : à voir !
Au rayon des propos hallucinants : “C’est moi qui vous dis : si vous n’acceptez pas les musulmans, si vous n’acceptez pas la religion d’Allah, si vous n’acceptez pas la Sharia qui va vous dominer et qui va vous dire quoi faire, ben… déménagez alors ! Vous pouvez partir avec Geert Wilders, Filip Dewinter et tous les autres mécréants. Je ne sais pas… allez au pôle Nord ou allez ailleurs ! C’est nous qui vous disons : ou bien vous acceptez, ou bien vous vous tirez” , a notamment asséné Fouad Belkacem qui souhaite imposer la Sharia en Belgique et tantôt crache sur la démocratie, tantôt l’invoque pour défendre ses convictions hasardeuses.
Précisons encore que Stéphanie, 22 ans et convertie à l’Islam depuis quatre ans, est la femme de l’un de ces agitateurs qui ont pignon sur rue. Et Stéphanie de voir le positif de l’affaire : “Ça ne fait que renforcer mon envie de porter le niqab…”
vendredi 1 juin 2012
« L'arme moderne au 20ème siècle du néo-impérialisme, c'est le "dollarisme". Les... sionistes sont passés maîtres dans l'art du "dollarisme": c'est-à-dire la capacité à se faire passer pour un ami et un bienfaiteur en apportant cadeaux et autre formes d'aides économiques et techniques. Tant et si bien que le pouvoir et l'influence d'Israël dans nombre de nations africaines nouvellement independantes sont rapidement devenus plus fermement implantés que celui des colons européens au 18ème siècle... Et ce nouveau genre de colonialisme sioniste diffère seulement dans les méthodes et les formes, mais jamais dans les motivations et les objectifs. »
« L'occupation sionniste par Israël de la Palestine arabe a poussée le monde arabe à depenser des millions de precieux dollars en armement, rendant impossible pour ces nations arabes, fraichement indépendantes, de renforcer l’Economie de leur pays et d'élever le niveau de vie de leur population. »
« Ils plombent les ailes de l'oiseau pour le condamner à ne jamais voler aussi vite qu'eux. »
« Les sionistes avaient-ils le droit legal ou moral d'envahir la Palestine arabe, d'en déraciner ses citoyens arabes et de saisir les propriétés arabes pour leur compte en se basant sur l'affirmation "religieuse" que leurs ancêtres ont vécus là il y a des milliers d'années ? Il n'y a pas mille ans, les Maures vivaient en Espagne. Cela donnerait-il aux Maures d'aujourd'hui le droit legal ou moral d'envahir la peninsule iberique, d'en chasser ses habitants espagnols, et d'y créer une nouvelle Nation marocaine là où il y avait avant l'Espagne, comme les sionistes européens l'ont fait à nos frères et soeurs arabes en Palestine?... »
Malcolm X (1925-1965),
Meneur musulman noir-américain,
le 17 Septembre 1964.
« L'occupation sionniste par Israël de la Palestine arabe a poussée le monde arabe à depenser des millions de precieux dollars en armement, rendant impossible pour ces nations arabes, fraichement indépendantes, de renforcer l’Economie de leur pays et d'élever le niveau de vie de leur population. »
« Ils plombent les ailes de l'oiseau pour le condamner à ne jamais voler aussi vite qu'eux. »
« Les sionistes avaient-ils le droit legal ou moral d'envahir la Palestine arabe, d'en déraciner ses citoyens arabes et de saisir les propriétés arabes pour leur compte en se basant sur l'affirmation "religieuse" que leurs ancêtres ont vécus là il y a des milliers d'années ? Il n'y a pas mille ans, les Maures vivaient en Espagne. Cela donnerait-il aux Maures d'aujourd'hui le droit legal ou moral d'envahir la peninsule iberique, d'en chasser ses habitants espagnols, et d'y créer une nouvelle Nation marocaine là où il y avait avant l'Espagne, comme les sionistes européens l'ont fait à nos frères et soeurs arabes en Palestine?... »
Malcolm X (1925-1965),
Meneur musulman noir-américain,
le 17 Septembre 1964.
mercredi 16 mai 2012
Slow city

Partout autour de vous des voitures déambulent à vive allure, des hommes et des femmes pressés courent vers leurs bureaux, des publicités visuelles et auditives affluent de toutes parts et vous agressent…Si le yoga et la relaxation intensive n’ont pas raison de vous, fuyez vers une « slow city ».
« Slow city » n’est pas une ville. C’est un concept. Un espace non virtuel où le terme « conscience du temps » a remplacé « vivre à toute allure ». Conscience du temps, conscience des autres, de soi-même, de ce que l’on mastique…
L’initiative « Slow city » est née en 1999 au nord de l’Italie lorsque les habitants d’une petite bourgade viennent à refuser l’installation d’un McDo. Au nom de la qualité de vie. Prenant appui et exemple sur le « slow food » qui la précède d’une dizaine d’années, l’idée devient concept d’administration de la cité.
Le mouvement touche l’Europe entière, conquis (rapidement !) plus d’une vingtaine de ville qui s’engagent et se labellisent « Slow city » puis se structure en réseau international, administré aujourd’hui par Paolo Saturnini, maire de Grève.Un manifeste « Slow city » voit le jour avec 70 recommandations et obligations. Voici les principales :
- Mise en valeur du patrimoine urbain historique en évitant la construction de nouveaux bâtiments.
- Réduction des consommations énergétiques.
- Promotion des technologies écologiques.
- Multiplication des espaces verts et des espaces de loisirs.
- Propreté de la ville.
- Priorité aux transports en communs et autres transports non polluants.
- Diminution des déchets et développement de programmes de recyclage.
- Multiplication des zones piétonnes.
- Développement des commerces de proximité.
- Développement d’infrastructures collectives et d’équipements adaptés aux handicapés et aux divers âges de la vie.
- Développement d’une véritable démocratie participative.
- Préservation et développement des coutumes locales et produits régionaux.
- Exclusion des OGM

L'Aube d'or - Chrysi Avyi
C’est un peu plus loin, à Agios Panteleimonas, que les allumés de L’Aube d’or concentrent leur activité. Une place présentée comme dangereuse par les guides touristiques, tant les affrontements sont nombreux autour de l’église du même nom.
Nettoyage de la Grèce
Le parc à proximité de l’église est désormais vide. Comme la place Attique, dans le quartier d’Omonia, il a été occupé par L’Aube d’or qui en a chassé, par la violence et les coups, tous les étrangers. Jusqu’à ce que le conseil municipal décide finalement la fermeture du parc.
En septembre dernier, un demandeur d’asile afghan a été grièvement blessé après son agression par une quinzaine de personnes. En mai, ce sont treize migrants qui ont été battus par les extrémistes. Il serait malheureusement trop long de recenser tous ces « pogroms » – c’est ainsi que les Grecs désignent ces affrontements.
La police tolère les néonazis
La plupart des crimes et agressions de nature raciste ne feraient même pas l’objet d’enquêtes policières.
Ce mouvement néonazi, même s’il reste marginal, progresse dans le centre d’Athènes.
Leur succès s’explique par leurs liens avec la population. Ils fonctionnent par milices et créent des comités d’autodéfense. Dans le quartier d’Agios Panteleimonas, ils ont fait du porte-à-porte pour laisser un tract avec un numéro à joindre si les gens venaient à se sentir menacés par les immigrés.

tracts de l'Aube d'Or
Un commerçant estime que son chiffre d’affaires a baissé de 70% ces deux dernières années. Il dit aussi que le quartier a été nettoyé :
« C’est grâce à Chrysi Avyi. Moi, je ne fais pas de politique et je n’ai pas d’avis sur le sujet mais grâce à eux, il n’y a plus d’Asiatiques (les Afghans et les Pakistanais) dans le quartier. »
Dehors, on ne repère pas dans la journée de militants de L’Aube d’or. Mais de nombreuses affiches témoignent de leur récente présence dans le quartier :
« Je vote L’Aube d’or pour chasser la souillure de notre pays » ;
« La Grèce appartient aux Grecs » ;
« Une mosquée à Athènes ? Jamais. Et nulle part en Grèce. »
Dans un petit café un homme prend la parole.
« La première vague d’immigrés, c’étaient les Albanais. On ne les aimait pas trop, on pensait qu’ils étaient dangereux mais ils n’ont pas défiguré le quartier. Ils travaillent bien. Aujourd’hui, beaucoup d’Albanais, de Bulgares, de Roumains rentrent chez eux. Avec la crise, ils ont perdu leur travail mais ils ne veulent pas devenir des voleurs. Les Afghans et les Pakis sont obligés de rester ici, alors ils sont prêts à tout pour survivre. Le problème, c’est qu’ils ne pourront pas vivre longtemps, ni très bien, uniquement du vol. Les Albanais, eux, n’auraient jamais fait des choses humiliantes comme mendier ou essuyer les pare-brise contre de la monnaie, ils partent. »
C’est entendu, ces hommes-là n’aiment pas les « Asiatiques » mais à l’évocation de L’Aube d’or, ils s’agitent :
« Bien sûr que je préférerais qu’ils rentrent chez eux mais je ne peux pas accepter qu’on les traite comme le fait L’Aube d’or ! Je suis choqué quand je vois ces jeunes, des jeunes du quartier parfois, qui tapent des hommes avec des battes de baseball. Je n’aime pas voir ça en Grèce.
Les Grecs sont eux aussi responsables. De riches propriétaires d’immeubles louent les sous-sols et entassent des dizaines d’immigrés à l’intérieur. Les endroits les plus dangereux maintenant, ce sont les halls d’immeubles. »
jeudi 26 avril 2012
mardi 24 avril 2012
L’historiographie, tant palestinienne qu’européenne, et depuis une vingtaine d’années israélienne aussi, a certes fini par démonter le mythe de la propagande officielle israélienne, qui affirmait depuis toujours que les 800.000 Palestiniens ayant quitté leur pays en 1948 étaient partis « de leur plein gré », et qu’ils n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes. De nombreux chercheurs, dont Ilan Pappé lui-même, ont ainsi démontré depuis un certain temps que la population palestinienne de ce qui constitue aujourd’hui l’Etat d’Israël a bien été chassée de son pays par l’armée juive.
Cette vérité première, quand elle est publiquement exprimée (ce qui est d’ailleurs de moins en moins souvent le cas : les célébrations en grande pompe du 60ème anniversaire d’Israël, cette année, resteront évidemment muettes sur le crime fondateur), est cependant souvent assortie de considérations hypocrites, tendant à démontrer que l’expulsion de masse des populations civiles palestiniennes fut certes regrettable, mais qu’il s’agissait d’une conséquence inévitable de la guerre, pour tout dire inhérente à tout conflit armé. « La faute à pas de chance, quoi ! » Ilan Pappé démontre exactement le contraire. Son ouvrage détaille, jour après jour, comment, dès l’annonce du plan de partition de l’ONU, en novembre 1947, les dirigeants du futur Etat juif passèrent à la phase concrète de la réalisation du programme sioniste : créer un Etat exclusivement juif, débarrassé de la plus grande partie des habitants du pays : les hommes, les femmes et les enfants de Palestine. Pappé rend compte notamment d’une réunion de travail décisive, le 10 mars 1948, où sont arrêtées les dernières modalités du « Plan D » (également appelé « Plan Daleth ») prévoyant l’attaque militaire de tous les villages de Palestine. Y compris les localités qui ont accepté, et l’ont fait savoir aux sionistes, de vivre sous la souveraineté du futur Etat juif ; y compris aussi, des villes, comme Safed, où populations arabes et juives avaient vécu en bonne entente bien avant l’arrivée des sionistes en Palestine, mais qui subiront, comme les autres, le nettoyage ethnique. A la lumière des nouvelles preuves apportées par Pappé sur le caractère minutieusement programmé de l’expulsion, l’histoire de 1948 n’est donc pas tant celle d’une guerre ayant eu pour conséquence l’expulsion, que celle du nettoyage ethnique, dont la mise en œuvre nécessitait la guerre. Et si la décision est finalisée en ce 10 mars 1948, c’est bien parce que les responsables sionistes, sous la conduite de David Ben Gourion, sont convaincus que les conditions politiques (le fait que l’ONU leur ait déjà alloué officiellement plus de la moitié de la Palestine) et surtout militaires, leur sont désormais favorables. Ilan Pappé apporte ensuite de nombreux détails inédits sur la violence exercée par l’armée juive, la future « Tsahal », qu’il s’agisse de l’officielle Haganah ou des bandes supplétives formées par les milices d’extrême-droite Irgoun (également appelé Etzel) et Stern (Lehi). On y apprend, entre autres, concernant les massacres de villageois, que le plus sanglant ne fut sans doute pas celui, déjà connu (parce que les dirigeants sionistes n’avaient pu le masquer, à l’époque) de Deir Yassin, mais celui intervenu dans le village de Dawaimeh, le 28 octobre 1948 près de Hébron, où 455 habitants furent assassinés, les survivants retrouvant des bébés au crâne fracassé par la crosse des fusils ou des femmes brûlées vives à l’intérieur de leur maison. La plupart des exactions commises dans les 541 villages et les 11 quartiers de villes finalement rasés par l’armée israélienne ne peuvent être qualifiées de bavures, analyse Pappé, car elles participaient d’un plan général visant à éradiquer la présence palestinienne sur le territoire. L’auteur fait remarquer, de ce point de vue, que les programmes de l’industrie militaire israélienne, naissante à ce moment-là, comportaient des projets d’armes, y compris biologiques, forcément conçues pour être employées contre des populations civiles, et non contre une troupe ennemie. Pappé révèle notamment l’empoisonnement volontaire, avec l’emploi du germe responsable de la typhoïde, de la conduite d’eau desservant les habitants assiégés de la ville d’Acre, en mai 1948 (70 morts, avant que les responsables municipaux de cette ville palestinienne ne découvrent la source de l’épidémie). Suite aux guerres dans l’ex-Yougoslavie, le nettoyage ethnique est un crime que le droit international définit aujourd’hui comme crime contre l’humanité, constate Pappé. Néanmoins, on pourrait, on devrait même, si l’on veut donner une chance à la paix en Palestine, « faire jouer une règle d’obsolescence » concernant ces horreurs perpétrées il y a soixante ans, estime-t-il. « Mais à une condition : que la seule solution politique normalement considérée comme essentielle pour la réconciliation dans les autres cas de ce genre, soit le retour inconditionnel des réfugiés dans leurs foyers ».

jeudi 5 avril 2012

Agé de 84 ans, le Prix Nobel de littérature allemand Günter Grass n'a rien perdu de son goût pour la polémique. Un poème publié mercredi 4 avril par le quotidien Süddeutsche Zeitung, le prouve. En 69 vers, ce poème intitulé "Ce qui doit être dit" défend l'Iran et critique Israël qui, selon lui, "menace la paix mondiale déjà si fragile". "Je ne me tairai plus", clame l'écrivain. Et de fait, Günter Grass attaque.
Israël, tout d'abord. Ce "pays qui dispose depuis des années d'un arsenal nucléaire croissant -même s'il est maintenu secret- et sans contrôle, puisqu'aucune vérification n'est permise". Pour l'auteur du Tambour, d'éventuelles frappes préventives israéliennes qui viseraient des installations nucléaires iraniennes, pourraient conduire à "l'éradication du peuple iranien parce que l'on soupçonne ses dirigeants de construire une bombe atomique".
Autre cible de l'écrivain : son propre pays, qui vient de vendre un sixième sous-marin à Israël, porteur d'ogives nucléaires. Enfin, troisième cible : "l'hypocrite Occident". Pas l'ombre d'une critique en revanche pour le régime de Téhéran. Se voulant pour l'occasion diplomate, Günter Grass propose la création d'une instance internationale contrôlant les armes nucléaires des deux pays.
Bien sûr, il n'est pas dupe. Cet homme de gauche qui n'a révélé qu'en 2006 son engagement dans la WaffenSS en octobre 1944 s'attend à être accusé d'antisémitisme, mais, à ses yeux, ce qu'il a dit "doit être dit".
CONDAMNATION UNANIME
Le poème était à peine paru que, dans le quotidien conservateur Die Welt, l'éditorialiste et polémiste Henryk Broder jugeait que "Grass a toujours eu un problème avec les juifs, mais il ne l'avait jamais aussi clairement exprimé que dans ce poème". Pour lui, l'écrivain est "l'archétype de l'érudit antisémite", de l'Allemand qui, "poursuivi par la honte et le remords", ne trouvera "la paix de l'âme" qu'avec la disparition d'Israël.
Israël a également réagi en publiant sur le site de son ambassade à Berlin un court texte : "Ce qui doit être dit, c'est qu'il appartient à la tradition européenne d'accuser les juifs de meurtres rituels avant Pâques (...). Ce qui doit aussi être dit est qu'Israël est le seul Etat au monde dont le droit à l'existence est officiellement contesté. Cela était déjà le cas le jour de sa création. Cela l'est encore aujourd'hui. Nous voulons vivre en paix avec nos voisins dans la région. Et nous ne sommes pas prêts à accepter le rôle que Günter Grass nous assigne dans le travail sur le passé du peuple allemand."
Si, sur Internet, les avis sont contradictoires à propos du texte de Grass, celui-ci est unanimement condamné par les responsables politiques, de la CDU au parti de la gauche radicale Die Linke, en passant par le SPD dont Günter Grass a pourtant été longtemps proche. Guido Westerwelle, le ministre des affaires étrangères, a de nouveau condamné l'Iran. Et si la chancelière Angela Merkel, en vacances, est restée silencieuse, son porte-parole, Steffen Seibert, a fait savoir qu'il n'avait "rien de neuf à dire sur les relations de la chancelière avec la personne et l'œuvre de Günter Grass". Relations connues pour être distantes depuis des années.
jeudi 29 mars 2012
11 mars 2012, 15 mars 2012 et 19 mars 2012, trois dates qui jalonnent les tueries de Toulouse et de Montauban.
Bien antérieurement, le hasard du calendrier avait programmé la cérémonie des Bobards d’Or organisée par la Fondation Polémia, pour le 20 mars, soit vingt quatre heures après les terribles événements. Dans son allocution d’ouverture, Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation, incitait à la prudence et rappelait les manipulations qui avaient suivi l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic et la profanation du cimetière juif de Carpentras.
Hé bien, comme on pouvait s’y attendre, il n’a pas été entendu et ça n’a pas raté. Ce fut un véritable embrasement : dans l’emballement bien connu, les médias, les politiques, les ligues de vertu… se sont déchainées et les bobards ont fusé de partout.
Tentons de décrypter tous ces bobards et plus généralement la désinformation, au jour le jour.
*
* *
Dimanche 18 mars : la piste néo-nazie
La France s’interroge sur le meurtre d’un parachutiste, à Toulouse, puis de trois autres, à Montauban. Les hypothèses sont nombreuses : vengeance privée, trafics, action terroriste d’une organisation étrangère, opération de déstabilisation, action antimilitariste, attentat raciste, voire néo-nazi. C’est cette dernière hypothèse qui a la faveur des médias et de l’oligarchie. Ils soulignent l’origine musulmane des soldats assassinés, même si l’une des victimes est un Berbère, catholique pratiquant. Les médias font grand cas d’un témoignage selon lequel le meurtrier aurait le visage tatoué. A une exception près, Radio Courtoisie dans son Bulletin de réinformation du lundi matin, les médias n’émettent pas la moindre réserve sur les hypothèses avancées.
Lundi 19 mars : la piste raciste et antisémite se précise…
Le meurtrier tue trois enfants et un professeur de religion devant une école juive intégriste de Toulouse. C’est le déchaînement médiatique.
Bernard-Henri Lévy donne le ton
« Avis aux pyromanes de la défense d’une “identité nationale” (…) il n’y a pas pire atteinte à notre culture, à l’âme de notre pays, à son Histoire et, au fond, à sa grandeur que le racisme et, ce matin, l’antisémitisme. » (Huffingtonpost)
Les télévisions précisent le portrait-robot du tueur :
Ah ces salauds aux yeux bleus !
Sur Canal + le président de la Licra, Alain Jacubowicz, enfonce le clou. Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, déclare : « La France vient de vivre les événements racistes les plus graves depuis 30 ans. » L’Union des étudiants juifs de France défile derrière une banderole où il est écrit : « En France, on tue des juifs, des noirs et des arabes ». Le Conseil représentatif des institutions juives de France en fait immédiatement le titre d’un des articles de son site Internet.
Amalgamons, amalgamons !
Buffet, Bayrou, Lepage se lâchent et offrent un véritable concours de formules : « pyromanes de l’identité française », « climat de haine », « climat de tension », « intolérance » ; et de dénoncer pêle-mêle « ceux qui montrent du doigt en fonction des origines » et « libèrent la parole raciste ». Plus sobre, Mélanchon twitte : « Toulouse : Brasillach est servi. »
Mardi 20 mars : le festival de désinformation continue
Mme Yardeni, qui a confié à la police les images des caméras de surveillance de l’école Ozar Hatorah, déclare : « On y voit un homme casqué, déterminé, efficace au sens nazi du terme. »
Dans Le Parisien un criminologue étale sa science : « Le choix des victimes, trois hommes d’origine maghrébine, un autre des Caraïbes, ainsi que quatre personnes de confession juive, indique très probablement que le criminel est raciste, antisémite et épouse probablement des thèses extrêmes, néonazies. »
Beaucoup de médias évoquent Anders Breivik, le terroriste norvégien, en oubliant de rappeler son militantisme pro-sioniste, pourtant à l’opposé de tout antisémitisme.
Et le Grand-Orient de France donne son éclairage philosophique
« Voilà des années que nous dénonçons les propos qui attisent les haines au sein de la communauté nationale et que nous combattons un nationalisme rampant et destructeur, comme a pu le vivre la France dans les années 1930. »
La Fondation Polémia met en garde contre les manipulations possibles
A l’occasion de la Troisième Cérémonie des Bobards d’Or, la Fondation Polémia incite à la prudence (voir plus haut).
Mercredi : patatras, l’assassin est un islamiste !
Les journaux satiriques commencent bien la journée : pour Le Canard enchaîné : « Le tueur de Toulouse sent le nazi. » La Une de Charlie Hebdo montre une caricature de Jean Marie Le Pen à qui l’on prête ces mots : « Tuerie antisémite de Toulouse, c’est un point de détail de la campagne ».
Mais les faits démontent ces belles analyses. Depuis trois heures du matin la police fait le siège de l’appartement de Mohamed Merah, un islamiste d’origine algérienne, revenu du Pakistan et d’Afghanistan.
Nicolas Chapuis, journaliste au Nouvel Observateur, commente l’affaire sur twitter : « Putain ! Je suis dégoûté que ce ne soit pas un nazi ! »
Le CRIF refuse « tout amalgame »
Le CRIF précise qu’en raison des derniers développements de l’actualité, il a décidé d’annuler la marche silencieuse qu’il avait prévue dimanche 25 mars 2012 à Paris, manifestation qui devait être conduite avec les autorités musulmanes dans une logique de stigmatisation des Français de souche. Le CRIF résume sa position : « Toulouse : condamnation unanime, mais refus de tout amalgame. »
« Pas d’amalgame » et « pas de stigmatisation », tels sont désormais les mots qui tournent en boucle.
Le ton de la presse change : hier on parlait d’enfants juifs et de soldats d’origine maghrébine. Mais l’assassin, lui, est présenté comme « un jeune homme », un « jeune Français », un « jeune Toulousain ».
Jeudi 22 mars : émotion et propos liberticides
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, part enterrer les quatre victimes de l’école Ozer Hatorah en Israël. Nicolas Sarkozy rend hommage aux soldats français tués. François Bayrou, Eva Joly, François Hollande, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen sont présents.
Après un feu nourri d’une minute trente, Mohamed Merah est tué d’une balle dans la tête par un tireur d’élite du RAID.
Et Nicolas Sarkozy annonce des mesures liberticides
Avant même que les obsèques des paras tués à Toulouse et Montauban soient célébrées, Nicolas Sarkozy, sur le perron de l’Elysée alors que la dépouille du tueur est à peine refroidie, invente un nouveau délit pénal sur lequel il compte légiférer « Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine sera punie pénalement. » Fin de citation. Pour l’avocat Cédric Manara, spécialiste des questions juridiques touchant à Internet, la création de ce nouveau délit est tout simplement absurde puisque, selon lui : « Les personnes qui sont susceptibles de fréquenter des sites (…) terroristes, se sachant surveillées, ont déjà basculé vers une navigation cryptée du type Tor ou VPN. » On pourrait ajouter qu’un tel « délit » mettrait en cause le principe même des libertés individuelles.
Il s’agit d’un véritable renversement en matière de système accusatoire…
Dans le droit français actuel, seuls sont sanctionnés ceux qui diffusent et enregistrent, et non ceux qui lisent. « Ce type d’annonce à chaud, juste à la sortie d’un événement grave, rappelle la naissance du Patriot Act aux Etats-Unis, commente Cédric Manara. Après les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain avait alors justifié la mise en place d’un arsenal très dur de contrôle d’Internet par la nécessité de lutter contre le terrorisme. » L’avocat dénonce un risque de « bascule totalitaire comme en Arabie Saoudite ou en Chine : on se lance dans le deep packet inspection, et on embauche des milliers de fonctionnaires pour assurer la censure du net ». L’offensive sur le net avait déjà commencé, entre autres avec l’accord ACTA sur la contrefaçon. Pour le pouvoir, les événements de Toulouse et de Montauban tombent à point nommé pour tenter de tordre le cou au dernier espace de liberté de notre pays.
Vendredi 23 mars : Mohamed Merah, un garçon calme et gentil ?
Les médias de l’oligarchie dressent le portrait de l’assassin islamiste : « un garçon calme et gentil » pour RTL, Europe1, l’Express, Le Point, Le JDD, Le Télégramme de Brest, La Dépêche du Midi, Libération, Le Monde, Le Figaro.
Pour Le Figaro c’est « un jeune carrossier ». « Passionné de moto et de football comme la plupart des jeunes de sa cité », jugé « calme, gentil et respectueux », par un de ses proches, il a « une réputation de bon travailleur ».
N’en jetez plus ! La cour est pleine !
Pour Le Monde, ce « gamin des cités toulousaines » « a une beauté assez fascinante, selon son avocat », « un visage d’ange ».
En fait une petite racaille ?
Comme il en existe des dizaines de milliers dans les banlieues de l’immigration !
Caillasseur de bus, amateur de rodéos automobiles, voleur de portables, voleur de motos, voleur avec violence, habitué à proférer des menaces de mort, à vingt-trois ans, il affiche déjà un beau palmarès pour un « petit » délinquant multirécidiviste.
Bilan de la semaine : le dessous des cartes apparaît
Bernard Squarcini, le chef policier qui commande la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, fait des révélations dans Le Monde du 24 mars : il explique que la police a privilégié deux pistes : celle des islamistes et celle de « l’ultra-droite ». Une simple question : pour des raisons politiques ou pour des raisons policières ? La question se pose. Le Monde révèle ainsi que l’état-major de campagne du candidat Sarkozy s’interrogeait jusqu’à mardi pour savoir quelle était électoralement la meilleure hypothèse : « l’ultra-droite » ou les islamistes.
Et le colonel Prouteau critique les choix des policiers pour neutraliser l’assassin
Le colonel de gendarmerie Prouteau, fondateur du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) critique longuement, dans Ouest France, l’opération du Raid à Toulouse, « menée sans schéma tactique précis », s’étonnant notamment de l’absence d’utilisation de gaz lacrymogène. http://www.lefigaro.fr
Alors qu’on lui demande s’il est étonné que l’opération du Raid, unité concurrente du GIGN, se termine par la mort de Mohamed Merah, Prouteau répond : « Oui. Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ? »
« Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène », assure-t-il. « Il n’aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tours de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l’a incité à continuer sa “guerre”. »
On laissera la conclusion à Malika Sorel-Sutter :
« Un nombre non négligeable de Français d’origine maghrébine se sentiront d’emblée plus proches de n’importe quelle autre personne d’origine arabe se trouvant à l’autre bout du monde, que du Français d’origine européenne qui vit pourtant à côté de chez eux ; cela pour la simple raison qu’ils partagent un immense héritage commun. La notion de Nation arabe a un sens. Se sentir y appartenir recouvre une réalité à part entière, tout aussi respectable que celle d’appartenir à toute autre nation. C’est la raison pour laquelle les conflits qui impliquent les peuples arabes sont vécus avec autant d’intensité et d’émotion dans les banlieues françaises. » […]
Et Malika Sorel de conclure : « Il faut impérativement, et de toute urgence, limiter de manière drastique l’immigration. »
Malika Sorel est membre du Haut Conseil à l’intégration
Polémia
Bien antérieurement, le hasard du calendrier avait programmé la cérémonie des Bobards d’Or organisée par la Fondation Polémia, pour le 20 mars, soit vingt quatre heures après les terribles événements. Dans son allocution d’ouverture, Jean-Yves Le Gallou, président de la Fondation, incitait à la prudence et rappelait les manipulations qui avaient suivi l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic et la profanation du cimetière juif de Carpentras.
Hé bien, comme on pouvait s’y attendre, il n’a pas été entendu et ça n’a pas raté. Ce fut un véritable embrasement : dans l’emballement bien connu, les médias, les politiques, les ligues de vertu… se sont déchainées et les bobards ont fusé de partout.
Tentons de décrypter tous ces bobards et plus généralement la désinformation, au jour le jour.
*
* *
Dimanche 18 mars : la piste néo-nazie
La France s’interroge sur le meurtre d’un parachutiste, à Toulouse, puis de trois autres, à Montauban. Les hypothèses sont nombreuses : vengeance privée, trafics, action terroriste d’une organisation étrangère, opération de déstabilisation, action antimilitariste, attentat raciste, voire néo-nazi. C’est cette dernière hypothèse qui a la faveur des médias et de l’oligarchie. Ils soulignent l’origine musulmane des soldats assassinés, même si l’une des victimes est un Berbère, catholique pratiquant. Les médias font grand cas d’un témoignage selon lequel le meurtrier aurait le visage tatoué. A une exception près, Radio Courtoisie dans son Bulletin de réinformation du lundi matin, les médias n’émettent pas la moindre réserve sur les hypothèses avancées.
Lundi 19 mars : la piste raciste et antisémite se précise…
Le meurtrier tue trois enfants et un professeur de religion devant une école juive intégriste de Toulouse. C’est le déchaînement médiatique.
Bernard-Henri Lévy donne le ton
« Avis aux pyromanes de la défense d’une “identité nationale” (…) il n’y a pas pire atteinte à notre culture, à l’âme de notre pays, à son Histoire et, au fond, à sa grandeur que le racisme et, ce matin, l’antisémitisme. » (Huffingtonpost)
Les télévisions précisent le portrait-robot du tueur :
- « Un homme de type caucasien ou européen » pour M6
- « Les yeux bleus sur un visage blanc » pour TF1
- « Un Blanc aux yeux bleus » pour France 2
Ah ces salauds aux yeux bleus !
Sur Canal + le président de la Licra, Alain Jacubowicz, enfonce le clou. Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, déclare : « La France vient de vivre les événements racistes les plus graves depuis 30 ans. » L’Union des étudiants juifs de France défile derrière une banderole où il est écrit : « En France, on tue des juifs, des noirs et des arabes ». Le Conseil représentatif des institutions juives de France en fait immédiatement le titre d’un des articles de son site Internet.
Amalgamons, amalgamons !
Buffet, Bayrou, Lepage se lâchent et offrent un véritable concours de formules : « pyromanes de l’identité française », « climat de haine », « climat de tension », « intolérance » ; et de dénoncer pêle-mêle « ceux qui montrent du doigt en fonction des origines » et « libèrent la parole raciste ». Plus sobre, Mélanchon twitte : « Toulouse : Brasillach est servi. »
Mardi 20 mars : le festival de désinformation continue
Mme Yardeni, qui a confié à la police les images des caméras de surveillance de l’école Ozar Hatorah, déclare : « On y voit un homme casqué, déterminé, efficace au sens nazi du terme. »
Dans Le Parisien un criminologue étale sa science : « Le choix des victimes, trois hommes d’origine maghrébine, un autre des Caraïbes, ainsi que quatre personnes de confession juive, indique très probablement que le criminel est raciste, antisémite et épouse probablement des thèses extrêmes, néonazies. »
Beaucoup de médias évoquent Anders Breivik, le terroriste norvégien, en oubliant de rappeler son militantisme pro-sioniste, pourtant à l’opposé de tout antisémitisme.
Et le Grand-Orient de France donne son éclairage philosophique
« Voilà des années que nous dénonçons les propos qui attisent les haines au sein de la communauté nationale et que nous combattons un nationalisme rampant et destructeur, comme a pu le vivre la France dans les années 1930. »
La Fondation Polémia met en garde contre les manipulations possibles
A l’occasion de la Troisième Cérémonie des Bobards d’Or, la Fondation Polémia incite à la prudence (voir plus haut).
Mercredi : patatras, l’assassin est un islamiste !
Les journaux satiriques commencent bien la journée : pour Le Canard enchaîné : « Le tueur de Toulouse sent le nazi. » La Une de Charlie Hebdo montre une caricature de Jean Marie Le Pen à qui l’on prête ces mots : « Tuerie antisémite de Toulouse, c’est un point de détail de la campagne ».
Mais les faits démontent ces belles analyses. Depuis trois heures du matin la police fait le siège de l’appartement de Mohamed Merah, un islamiste d’origine algérienne, revenu du Pakistan et d’Afghanistan.
Nicolas Chapuis, journaliste au Nouvel Observateur, commente l’affaire sur twitter : « Putain ! Je suis dégoûté que ce ne soit pas un nazi ! »
Le CRIF refuse « tout amalgame »
Le CRIF précise qu’en raison des derniers développements de l’actualité, il a décidé d’annuler la marche silencieuse qu’il avait prévue dimanche 25 mars 2012 à Paris, manifestation qui devait être conduite avec les autorités musulmanes dans une logique de stigmatisation des Français de souche. Le CRIF résume sa position : « Toulouse : condamnation unanime, mais refus de tout amalgame. »
« Pas d’amalgame » et « pas de stigmatisation », tels sont désormais les mots qui tournent en boucle.
Le ton de la presse change : hier on parlait d’enfants juifs et de soldats d’origine maghrébine. Mais l’assassin, lui, est présenté comme « un jeune homme », un « jeune Français », un « jeune Toulousain ».
Jeudi 22 mars : émotion et propos liberticides
Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, part enterrer les quatre victimes de l’école Ozer Hatorah en Israël. Nicolas Sarkozy rend hommage aux soldats français tués. François Bayrou, Eva Joly, François Hollande, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen sont présents.
Après un feu nourri d’une minute trente, Mohamed Merah est tué d’une balle dans la tête par un tireur d’élite du RAID.
Et Nicolas Sarkozy annonce des mesures liberticides
Avant même que les obsèques des paras tués à Toulouse et Montauban soient célébrées, Nicolas Sarkozy, sur le perron de l’Elysée alors que la dépouille du tueur est à peine refroidie, invente un nouveau délit pénal sur lequel il compte légiférer « Toute personne qui consultera de manière habituelle des sites Internet qui font l’apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine sera punie pénalement. » Fin de citation. Pour l’avocat Cédric Manara, spécialiste des questions juridiques touchant à Internet, la création de ce nouveau délit est tout simplement absurde puisque, selon lui : « Les personnes qui sont susceptibles de fréquenter des sites (…) terroristes, se sachant surveillées, ont déjà basculé vers une navigation cryptée du type Tor ou VPN. » On pourrait ajouter qu’un tel « délit » mettrait en cause le principe même des libertés individuelles.
Il s’agit d’un véritable renversement en matière de système accusatoire…
Dans le droit français actuel, seuls sont sanctionnés ceux qui diffusent et enregistrent, et non ceux qui lisent. « Ce type d’annonce à chaud, juste à la sortie d’un événement grave, rappelle la naissance du Patriot Act aux Etats-Unis, commente Cédric Manara. Après les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain avait alors justifié la mise en place d’un arsenal très dur de contrôle d’Internet par la nécessité de lutter contre le terrorisme. » L’avocat dénonce un risque de « bascule totalitaire comme en Arabie Saoudite ou en Chine : on se lance dans le deep packet inspection, et on embauche des milliers de fonctionnaires pour assurer la censure du net ». L’offensive sur le net avait déjà commencé, entre autres avec l’accord ACTA sur la contrefaçon. Pour le pouvoir, les événements de Toulouse et de Montauban tombent à point nommé pour tenter de tordre le cou au dernier espace de liberté de notre pays.
Vendredi 23 mars : Mohamed Merah, un garçon calme et gentil ?
Les médias de l’oligarchie dressent le portrait de l’assassin islamiste : « un garçon calme et gentil » pour RTL, Europe1, l’Express, Le Point, Le JDD, Le Télégramme de Brest, La Dépêche du Midi, Libération, Le Monde, Le Figaro.
Pour Le Figaro c’est « un jeune carrossier ». « Passionné de moto et de football comme la plupart des jeunes de sa cité », jugé « calme, gentil et respectueux », par un de ses proches, il a « une réputation de bon travailleur ».
N’en jetez plus ! La cour est pleine !
Pour Le Monde, ce « gamin des cités toulousaines » « a une beauté assez fascinante, selon son avocat », « un visage d’ange ».
En fait une petite racaille ?
Comme il en existe des dizaines de milliers dans les banlieues de l’immigration !
Caillasseur de bus, amateur de rodéos automobiles, voleur de portables, voleur de motos, voleur avec violence, habitué à proférer des menaces de mort, à vingt-trois ans, il affiche déjà un beau palmarès pour un « petit » délinquant multirécidiviste.
Bilan de la semaine : le dessous des cartes apparaît
Bernard Squarcini, le chef policier qui commande la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur, fait des révélations dans Le Monde du 24 mars : il explique que la police a privilégié deux pistes : celle des islamistes et celle de « l’ultra-droite ». Une simple question : pour des raisons politiques ou pour des raisons policières ? La question se pose. Le Monde révèle ainsi que l’état-major de campagne du candidat Sarkozy s’interrogeait jusqu’à mardi pour savoir quelle était électoralement la meilleure hypothèse : « l’ultra-droite » ou les islamistes.
Et le colonel Prouteau critique les choix des policiers pour neutraliser l’assassin
Le colonel de gendarmerie Prouteau, fondateur du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) critique longuement, dans Ouest France, l’opération du Raid à Toulouse, « menée sans schéma tactique précis », s’étonnant notamment de l’absence d’utilisation de gaz lacrymogène. http://www.lefigaro.fr
Alors qu’on lui demande s’il est étonné que l’opération du Raid, unité concurrente du GIGN, se termine par la mort de Mohamed Merah, Prouteau répond : « Oui. Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ? »
« Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène », assure-t-il. « Il n’aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tours de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l’a incité à continuer sa “guerre”. »
On laissera la conclusion à Malika Sorel-Sutter :
« Un nombre non négligeable de Français d’origine maghrébine se sentiront d’emblée plus proches de n’importe quelle autre personne d’origine arabe se trouvant à l’autre bout du monde, que du Français d’origine européenne qui vit pourtant à côté de chez eux ; cela pour la simple raison qu’ils partagent un immense héritage commun. La notion de Nation arabe a un sens. Se sentir y appartenir recouvre une réalité à part entière, tout aussi respectable que celle d’appartenir à toute autre nation. C’est la raison pour laquelle les conflits qui impliquent les peuples arabes sont vécus avec autant d’intensité et d’émotion dans les banlieues françaises. » […]
Et Malika Sorel de conclure : « Il faut impérativement, et de toute urgence, limiter de manière drastique l’immigration. »
Malika Sorel est membre du Haut Conseil à l’intégration
Polémia
lundi 19 mars 2012

19/03/2012 – 12h00
ROME (NOVOpress) — Ce n’est pas une grande victoire mais c’est quand même un coup d’arrêt à la chasse aux sorcières lancée depuis plusieurs mois contre CasaPound et tous ceux qui lui sont proches.
Dans les derniers jours de 2011, la presse communiste, vite relayée par l’ensemble des gros médias, avait fait son procès à Mario Vattani (photo) , consul général d’Italie à Osaka. Ce diplomate au parcours irréprochable et à la compétence hors de cause, avait été jugé coupable d’animer – en privé et sous un pseudonyme – un groupe de musique alternative, SottoFasciaSemplice, et de s’être même produit une fois – une seule fois – à un concert organisé par CasaPound.
Le ministre des Affaires étrangères, Giulio Terzi di Sant’Agata, avait engagé une procédure disciplinaire contre Vattani et, sans même en attendre la conclusion, l’avait rappelé d’autorité en Italie, le 21 février. Les médias avaient titré sur « le rappel définitif du consul fascio-rock » : «Vattani, s’était réjouie La Repubblica, n’est plus consul d’Italie à Osaka ». Le ministre, membre d’un gouvernement dont pas un membre n’est élu, avait voulu jouer les paladins de la démocratie : « L’apologie du fascisme, avait-il déclaré avec grandiloquence, n’est pas compatible avec la tradition de la diplomatie italienne ».
Sûr de pouvoir tout se permettre, le gouvernement de la Goldman Sachs avait oublié qu’il reste quand même en Italie quelques vestiges d’un État de droit. Le tribunal administratif vient de suspendre le rappel de Vattani jusqu’à la réunion de la commission paritaire du ministère chargée d’examiner son cas, le 4 avril prochain. Le tribunal a motivé sa décision en déclarant que les droits de Vattani devaient être respectés et que – contre les arguments du ministre – « il est exclu que l’intérêt public puisse subir un préjudice irréversible si le rapatriement du requérant est différé ». Reste maintenant à voir si le ministre, qui se vante tellement d’être antifasciste, va se décider à respecter la loi
ROME (NOVOpress) — Ce n’est pas une grande victoire mais c’est quand même un coup d’arrêt à la chasse aux sorcières lancée depuis plusieurs mois contre CasaPound et tous ceux qui lui sont proches.
Dans les derniers jours de 2011, la presse communiste, vite relayée par l’ensemble des gros médias, avait fait son procès à Mario Vattani (photo) , consul général d’Italie à Osaka. Ce diplomate au parcours irréprochable et à la compétence hors de cause, avait été jugé coupable d’animer – en privé et sous un pseudonyme – un groupe de musique alternative, SottoFasciaSemplice, et de s’être même produit une fois – une seule fois – à un concert organisé par CasaPound.
Le ministre des Affaires étrangères, Giulio Terzi di Sant’Agata, avait engagé une procédure disciplinaire contre Vattani et, sans même en attendre la conclusion, l’avait rappelé d’autorité en Italie, le 21 février. Les médias avaient titré sur « le rappel définitif du consul fascio-rock » : «Vattani, s’était réjouie La Repubblica, n’est plus consul d’Italie à Osaka ». Le ministre, membre d’un gouvernement dont pas un membre n’est élu, avait voulu jouer les paladins de la démocratie : « L’apologie du fascisme, avait-il déclaré avec grandiloquence, n’est pas compatible avec la tradition de la diplomatie italienne ».
Sûr de pouvoir tout se permettre, le gouvernement de la Goldman Sachs avait oublié qu’il reste quand même en Italie quelques vestiges d’un État de droit. Le tribunal administratif vient de suspendre le rappel de Vattani jusqu’à la réunion de la commission paritaire du ministère chargée d’examiner son cas, le 4 avril prochain. Le tribunal a motivé sa décision en déclarant que les droits de Vattani devaient être respectés et que – contre les arguments du ministre – « il est exclu que l’intérêt public puisse subir un préjudice irréversible si le rapatriement du requérant est différé ». Reste maintenant à voir si le ministre, qui se vante tellement d’être antifasciste, va se décider à respecter la loi
vendredi 9 mars 2012
Les socialistes de salon nous accusent d'être seulement une foule lâche
Oui, nous sommes la foule
nous sommes la sainte foule qui ne s'arrête pas devant les épées des archanges
ou devant les fusils de la police
car nous sommes la RÉVOLUTION
et personne ne peut arreter la révolution qui est en marche.
Benito Mussolini
Oui, nous sommes la foule
nous sommes la sainte foule qui ne s'arrête pas devant les épées des archanges
ou devant les fusils de la police
car nous sommes la RÉVOLUTION
et personne ne peut arreter la révolution qui est en marche.
Benito Mussolini
samedi 3 mars 2012
vendredi 2 mars 2012
mardi 28 février 2012
dimanche 26 février 2012
Définir le dandysme : Le subtil Oscar Wilde aurait sans aucun doute répliqué « définir, c’est limiter« > (Dorian Gray), mais allons nous-y hasarder quand même.
La définition la plus courante est : « Un dandy est un homme se voulant élégant et raffiné, se réclamant du dandysme« .
La définition la plus vague et la plus simple est : « qui se réclame du dandysme« , qui est lui-même « un mouvement culturel du fin du XVIIIème- XIXème siècle« .

On retrouve dans la plupart des dandysmes, une thématique commune – la recherche du Beau dont l’élégance est l’une de ses incarnations et par celà-même, faire de sa vie une œuvre d’art, c’est-à-dire être à la fois spectateur et metteur en scène de sa propre vie, qui se veut chef-d’œuvre de beauté.
Accoutrement, démarches, discours, esprit, manière d’être : voilà les moyens utilisés pour toucher au but.
Je parle de dandysmes, car force est de constater que cette spiritualité s’incarne de toutes les manières possibles, du sobre et froid pour Brummell, au Wilde extravagant et scandaleux, en passant par un Des Esseintes décadent.
C’est donc la soif d’esthétique et de perfection dans cette même esthétique, qui unit les dandys de tout temps et qui doit constituer le fondement même de toutes personnes se piquant d’être un « élégant ».
La définition la plus courante est : « Un dandy est un homme se voulant élégant et raffiné, se réclamant du dandysme« .
La définition la plus vague et la plus simple est : « qui se réclame du dandysme« , qui est lui-même « un mouvement culturel du fin du XVIIIème- XIXème siècle« .

On retrouve dans la plupart des dandysmes, une thématique commune – la recherche du Beau dont l’élégance est l’une de ses incarnations et par celà-même, faire de sa vie une œuvre d’art, c’est-à-dire être à la fois spectateur et metteur en scène de sa propre vie, qui se veut chef-d’œuvre de beauté.
Accoutrement, démarches, discours, esprit, manière d’être : voilà les moyens utilisés pour toucher au but.
Je parle de dandysmes, car force est de constater que cette spiritualité s’incarne de toutes les manières possibles, du sobre et froid pour Brummell, au Wilde extravagant et scandaleux, en passant par un Des Esseintes décadent.
C’est donc la soif d’esthétique et de perfection dans cette même esthétique, qui unit les dandys de tout temps et qui doit constituer le fondement même de toutes personnes se piquant d’être un « élégant ».
jeudi 16 février 2012
jeudi 9 février 2012
LES FOIBE UNE TRAGEDIE EUROPEENNES
De Chypre à la Bosnie, du Kosovo à l’Ossétie, des conflits territoriaux qui paraissaient complètement oubliés ont refait surface avec, en arrière-fond, des menaces d’exodes et d’épuration ethnique. Un autre conflit frontalier, tombé dans l’oubli depuis soixante ans, a récemment fait parler de lui. Il s’agit des territoires italiens annexés par la Yougoslavie après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, le 10 février 2007, le président de la république italienne, Napolitano, stigmatisait dans un discours le «dessein annexionniste slave qui avait prévalu dans le traité de paix de 1947 et avait pris les contours sinistres d’un nettoyage ethnique». Et le Président de poursuivre : «Il faut se souvenir de l’impardonnable horreur contre l’humanité constituée par les foibe.»
Les foibe sont ces cavités naturelles qui parsèment l’arrière-pays de Trieste, et dans lesquelles des milliers de personnes furent jetées, parfois encore vivantes, entre 1943 et 1947, victimes d’un nettoyage ethnique qui visait à vider cette région de toute présence italienne. Les mots prononcés par M. Napolitano suscitèrent la réaction immédiate du président croate Stipe Mesic qui, dans une note très sévère, accusa l’Italie de «racisme, révisionnisme historique et revanchisme politique». L’Union européenne condamna les propos du président croate, considérant que son langage avait été «inapproprié». Puis, le président slovène Drnovsek protesta contre les déclarations de M. Napolitano.
Voici donc l’Italie, la Croatie et la Slovénie engagées dans une querelle historique qui a frisé l’incident diplomatique. De quoi s’agit-il ? Les territoires du nord-est, récupérés par l’Italie après la Première Guerre mondiale, étaient situés depuis des siècles à la frontière du monde latin et slave. Si les villes - Trieste, Gorizia, Pola, Fiume et Zara - étaient largement peuplées d’Italiens, les campagnes demeuraient slaves. La cohabitation entre ces communautés s’était dégradée durant le fascisme qui avait poursuivi une politique d’italianisation forcée. A l’occasion de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie avait participé à côté de l’Allemagne à l’invasion et au dépècement de la Yougoslavie, se heurtant aux partisans de Tito. Des atrocités avaient été commises par les deux camps, y compris, ce que l’opinion publique italienne a souvent tendance à oublier, par les troupes italiennes qui pratiquèrent parfois une stratégie de la «terre brûlée» inspirée des méthodes allemandes. Au printemps 1945, le IIIe Reich s’écroulait et les partisans yougoslaves envahissaient les marches orientales de l’Italie. Suite à un accord entre les alliés, après quarante jours d’occupation, les troupes de Tito quittèrent les villes de Trieste et de Gorizia, remplacées par les soldats anglo-américains ; tous les autres territoires ex-italiens furent confiés à la Yougoslavie.
Les autorités yougoslaves mirent tout en œuvre pour créer un fait accompli définitif. La politique de terreur ainsi planifiée constituait l’aboutissement d’une guerre civile qui avait eu des aspects à la fois nationaux (Italie contre Yougoslavie), ethniques (Italiens contre Slaves), idéologiques (fascistes contre communistes), sociaux (bourgeoisie italienne contre prolétariat slave) et géographiques (Italiens urbanisés contre Slaves ruraux). L’Italie était un pays vaincu qui n’avait plus voix au chapitre, tandis que la Yougoslavie, sortant du conflit légitimé par sa guerre de libération, était appuyée par l’URSS et courtisée par les Occidentaux. Le philosophe antifasciste italien, Benedetto Croce, écrivait avec tristesse et lucidité : «Nous Italiens, nous avons perdu la guerre, et nous l’avons perdue tous, y compris ceux qui s’y sont opposés de toutes leurs forces, et même ceux qui ont été persécutés par le régime qui l’avait déclarée, comme ceux qui sont morts en s’opposant à ce régime.»
C’est donc dans l’indifférence générale que le nettoyage ethnique décidé par les autorités yougoslaves put se mettre en œuvre. Il dura jusqu’à la signature du traité de paix de Paris du 10 février 1947, qui attribua définitivement ces territoires à la Yougoslavie. Sur la côte, les victimes étaient très souvent noyées, tandis que dans l’arrière-pays elles étaient jetées dans les foibe. La polémique sur le nombre des morts fait encore rage et varie en fonction des diverses sensibilités politiques, toutefois la plupart des historiens s’accordent sur une fourchette située entre 5 000 et 10 000. Pour le président croate Stipe Mesic, il s’agissait essentiellement de miliciens fascistes et autres criminels de guerre, éliminés à l’issue des combats de la libération : d’où sa réaction très vive aux propos du président Napolitano qui pour sa part insistait dans son discours sur l’aspect ethnique de cette épuration. Ce qui est certain, c’est qu’au final la grande majorité de la population italienne de ces terres quitta en catastrophe le pays de ses ancêtres. Ils furent ainsi 250 000 à fuir en quelques mois le «paradis du socialisme», souvent mal accueillis par une Italie soucieuse de se débarrasser à bon compte de tout ce qui pouvait rappeler de près ou de loin l’époque fasciste. Il aura fallu attendre la dislocation de la Yougoslavie pour que, timidement, l’ampleur de cette tragédie soit finalement connue. Une loi du 30 mars 2004 a institué en Italie un «jour du souvenir» des victimes des foibe, fixé au 10 février (date anniversaire du traité de Paris de 1947) : c’est à cette occasion que le président de la république italienne a tenu le discours ci-dessus mentionné. Dans un article publié le 1er janvier 2005 dans le Corriere della Sera, l’écrivain Claudio Magris a eu des mots très sévères pour les responsables de ce long oubli. Oui, la gauche italienne a longtemps ignoré le sujet, car ces crimes avaient été commis au nom du communisme ; quand aux autres, gênés par la perspective de se trouver engagés dans un combat où seuls les nostalgiques néofascistes faisaient entendre leur voix, ils avaient aussi préféré se taire. Magris concluait en mettant en cause, d’une manière plus générale, «l’ignorance crasseuse» de la classe politique italienne.
Le souvenir de ces événements semble quitter son aspect confidentiel et évoluer vers une commémoration officielle qui permettra aux familles des survivants d’accomplir leur deuil et, aux historiens, de pouvoir réaliser ces études de fond qui ont fait défaut jusqu’à présent. Surtout, la tragédie des foibe nous permettra, peut-être, de mieux appréhender les mécanismes immuables du nettoyage ethnique, menace aujourd’hui encore d’actualité au Caucase et dans les Balkans.
Les foibe sont ces cavités naturelles qui parsèment l’arrière-pays de Trieste, et dans lesquelles des milliers de personnes furent jetées, parfois encore vivantes, entre 1943 et 1947, victimes d’un nettoyage ethnique qui visait à vider cette région de toute présence italienne. Les mots prononcés par M. Napolitano suscitèrent la réaction immédiate du président croate Stipe Mesic qui, dans une note très sévère, accusa l’Italie de «racisme, révisionnisme historique et revanchisme politique». L’Union européenne condamna les propos du président croate, considérant que son langage avait été «inapproprié». Puis, le président slovène Drnovsek protesta contre les déclarations de M. Napolitano.
Voici donc l’Italie, la Croatie et la Slovénie engagées dans une querelle historique qui a frisé l’incident diplomatique. De quoi s’agit-il ? Les territoires du nord-est, récupérés par l’Italie après la Première Guerre mondiale, étaient situés depuis des siècles à la frontière du monde latin et slave. Si les villes - Trieste, Gorizia, Pola, Fiume et Zara - étaient largement peuplées d’Italiens, les campagnes demeuraient slaves. La cohabitation entre ces communautés s’était dégradée durant le fascisme qui avait poursuivi une politique d’italianisation forcée. A l’occasion de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie avait participé à côté de l’Allemagne à l’invasion et au dépècement de la Yougoslavie, se heurtant aux partisans de Tito. Des atrocités avaient été commises par les deux camps, y compris, ce que l’opinion publique italienne a souvent tendance à oublier, par les troupes italiennes qui pratiquèrent parfois une stratégie de la «terre brûlée» inspirée des méthodes allemandes. Au printemps 1945, le IIIe Reich s’écroulait et les partisans yougoslaves envahissaient les marches orientales de l’Italie. Suite à un accord entre les alliés, après quarante jours d’occupation, les troupes de Tito quittèrent les villes de Trieste et de Gorizia, remplacées par les soldats anglo-américains ; tous les autres territoires ex-italiens furent confiés à la Yougoslavie.
Les autorités yougoslaves mirent tout en œuvre pour créer un fait accompli définitif. La politique de terreur ainsi planifiée constituait l’aboutissement d’une guerre civile qui avait eu des aspects à la fois nationaux (Italie contre Yougoslavie), ethniques (Italiens contre Slaves), idéologiques (fascistes contre communistes), sociaux (bourgeoisie italienne contre prolétariat slave) et géographiques (Italiens urbanisés contre Slaves ruraux). L’Italie était un pays vaincu qui n’avait plus voix au chapitre, tandis que la Yougoslavie, sortant du conflit légitimé par sa guerre de libération, était appuyée par l’URSS et courtisée par les Occidentaux. Le philosophe antifasciste italien, Benedetto Croce, écrivait avec tristesse et lucidité : «Nous Italiens, nous avons perdu la guerre, et nous l’avons perdue tous, y compris ceux qui s’y sont opposés de toutes leurs forces, et même ceux qui ont été persécutés par le régime qui l’avait déclarée, comme ceux qui sont morts en s’opposant à ce régime.»
C’est donc dans l’indifférence générale que le nettoyage ethnique décidé par les autorités yougoslaves put se mettre en œuvre. Il dura jusqu’à la signature du traité de paix de Paris du 10 février 1947, qui attribua définitivement ces territoires à la Yougoslavie. Sur la côte, les victimes étaient très souvent noyées, tandis que dans l’arrière-pays elles étaient jetées dans les foibe. La polémique sur le nombre des morts fait encore rage et varie en fonction des diverses sensibilités politiques, toutefois la plupart des historiens s’accordent sur une fourchette située entre 5 000 et 10 000. Pour le président croate Stipe Mesic, il s’agissait essentiellement de miliciens fascistes et autres criminels de guerre, éliminés à l’issue des combats de la libération : d’où sa réaction très vive aux propos du président Napolitano qui pour sa part insistait dans son discours sur l’aspect ethnique de cette épuration. Ce qui est certain, c’est qu’au final la grande majorité de la population italienne de ces terres quitta en catastrophe le pays de ses ancêtres. Ils furent ainsi 250 000 à fuir en quelques mois le «paradis du socialisme», souvent mal accueillis par une Italie soucieuse de se débarrasser à bon compte de tout ce qui pouvait rappeler de près ou de loin l’époque fasciste. Il aura fallu attendre la dislocation de la Yougoslavie pour que, timidement, l’ampleur de cette tragédie soit finalement connue. Une loi du 30 mars 2004 a institué en Italie un «jour du souvenir» des victimes des foibe, fixé au 10 février (date anniversaire du traité de Paris de 1947) : c’est à cette occasion que le président de la république italienne a tenu le discours ci-dessus mentionné. Dans un article publié le 1er janvier 2005 dans le Corriere della Sera, l’écrivain Claudio Magris a eu des mots très sévères pour les responsables de ce long oubli. Oui, la gauche italienne a longtemps ignoré le sujet, car ces crimes avaient été commis au nom du communisme ; quand aux autres, gênés par la perspective de se trouver engagés dans un combat où seuls les nostalgiques néofascistes faisaient entendre leur voix, ils avaient aussi préféré se taire. Magris concluait en mettant en cause, d’une manière plus générale, «l’ignorance crasseuse» de la classe politique italienne.
Le souvenir de ces événements semble quitter son aspect confidentiel et évoluer vers une commémoration officielle qui permettra aux familles des survivants d’accomplir leur deuil et, aux historiens, de pouvoir réaliser ces études de fond qui ont fait défaut jusqu’à présent. Surtout, la tragédie des foibe nous permettra, peut-être, de mieux appréhender les mécanismes immuables du nettoyage ethnique, menace aujourd’hui encore d’actualité au Caucase et dans les Balkans.
lundi 23 janvier 2012
1.3.1.2
L'expression Mort aux vaches a une drôle d'histoire: ce n'est pas la phrase dite par un farfelu qui en voulait aux vaches! D'ailleurs les vaches sont bien plus avenantes que les flics car on connaît le sens de cette expression qui en veut à tout ce qui porte uniforme. Non, tout cela n'a rien à voir avec les bonnes grosses vaches (ces trois derniers mots m'exposent à vos critiques, tant pis! Les vaches, elles, me comprennent). Non, donc! En fait l'expression remonte à 1870, l'époque de la guerre franco-prussienne. A Paris sur les postes de gardes allemands était écrit le mot WACHE, qui veut dire "garde", "sentinelle". Comme le Français n'est pas très doué pour les langues - c'est vachement raciste ça, mais bon passons!- et qu'on ne peut pas dire qu'ils portaient à l'époque un amour fou pour l'occupant, que croyez-vous qu'il arriva? Wache devint vache et comme ce fut facile, à chaque fois qu'on passait devant un de ces postes de s'exclamer (ou de dire entre ses moustaches) "Mort aux vaches"! Plus tard, cette expression devint un slogan anarchiste, une façon de se refaire une (noble) virginité.
Ainsi donc les vaches , qui en 1870 paissaient et ruminaient tranquillement dans la plaine de Nanterre, furent mêlées contre leur gré, à une sordide histoire de règlements de comptes entre deux peuples. A la même époque, on désignait aussi les Allemands sous le nom de "cochons" (voir la nouvelle de Maupassant Le Cochon de St Antoine). Pendant la guerre suivante, ce sera le tour des doryphores, bien moins sympathiques, je vous l'accorde, que nos douces ruminantes... Une histoire vache, en somme!
Ainsi donc les vaches , qui en 1870 paissaient et ruminaient tranquillement dans la plaine de Nanterre, furent mêlées contre leur gré, à une sordide histoire de règlements de comptes entre deux peuples. A la même époque, on désignait aussi les Allemands sous le nom de "cochons" (voir la nouvelle de Maupassant Le Cochon de St Antoine). Pendant la guerre suivante, ce sera le tour des doryphores, bien moins sympathiques, je vous l'accorde, que nos douces ruminantes... Une histoire vache, en somme!
jeudi 19 janvier 2012
Protestations et répression
La « protestation des couvertures » (the blanket protest) commence en septembre 1976 : un membre de l’IRA emprisonné refuse de revêtir l’uniforme des prisonniers de droit commun et demande, en tant que détenu politique, à conserver ses propres vêtements. Les autorités de la prison refusent d’accéder à sa demande arguant d’une nouvelle loi qui ne reconnaît plus aux membres de l’IRA le statut de prisonnier politique. Les combattants de l’IRA sont dorénavant considérés par l’Etat britannique comme des « criminels de droit commun ». Entièrement nus dans leurs cellules, été comme hiver, les prisonniers portent sur le dos une couverture crasseuse. Leur cellule ne comporte qu’un matelas et une bible.
À partir de 1978, la lutte pour la reconnaissance du statut politique prend une autre tournure, avec la « protestation sale » (the dirty protest). À la suite de nouvelles violences et brimades des gardiens, les prisonniers refusent de quitter leurs cellules et de se laver. Ils défèquent et urinent dans leurs cellules, prennent leurs excréments à pleine main et en recouvrent les murs de leur geôle. Leur urine ruisselle sous la porte de la cellule jusque dans les couloirs de la prison. Les déchets s’amoncellent et pourrissent dans un coin de la cellule. Les conditions de vie des prisonniers sont totalement inhumaines.
Le pouvoir thatchérien à Londres ne transige pas. En octobre 1980, les premières grèves de la faim ont lieu dans le bloc H de la prison, celui où sont détenus les membres de l’IRA. La Dame de fer ne recule toujours pas et le mouvement est interrompu avant d’avoir obtenu gain de cause. Entre alors en scène Bobby Sands, incarcéré depuis 1977 et condamné à 14 ans de détention. Sands veut relancer le mouvement de grève de la faim et, cette fois-ci, d’aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la mort. Il recueille les noms de 70 volontaires prêts à l’accompagner dans cet ultime combat. Bobby Sands est le premier à jeûner à partir du 1er mars 1981. Un nouveau gréviste doit rejoindre le mouvement toutes les deux semaines. Avant de mourir le 5 mai après 66 jours de grève de la faim, Sands est élu député de la circonscription de Fermanagh et de Tyrone sud le 9 avril, un poste qu’il n’occupera jamais. Lorsque le mouvement de grève est interrompu en août 1981, neuf autres personnes sont mortes de faim.
Pendant les sept mois que dure la grève de la faim, la province s’enflamme, les assassinats de part et d’autre se succèdent. Nombre d’entre eux touchent la population civile. Peu après la mort de Bobby Sands, 5000 étudiants manifestent à Milan et brûlent le drapeau britannique ; à Gand, des étudiants envahissent le consulat britannique ; à Paris, des milliers de personnes manifestent, à Nantes, St Etienne, Le Mans, Vierzon et St Denis, on inaugure des rues Bobby Sand ; à Oslo, des individus jettent un ballon rempli de sauce tomate en direction de la reine d’Angleterre. Partout dans le monde l’émotion est forte et le gouvernement Thatcher est montré du doigt.
En 1983, Londres accepte enfin les « cinq exigences » posées par l’IRA (dont celles d’être exempté du port de l’uniforme de prisonnier de droit commun ou de devoir travailler en prison). Le statut de prisonnier politique ne leur est cependant toujours pas octroyé. Jusqu’aux années 90, les membres de l’IRA seront présentés par les conservateurs et les médias britanniques comme un groupe de « délinquants » et de « criminels ».
Un tournant politique
Ces sept mois tragiques peuvent être vus comme un moment-clé du combat nationaliste. La lutte armée sera certes maintenue jusqu’aux accords de paix signés entre les parties belligérantes en 1998 (Good Friday Agreement). Toutefois, cette grève de la faim aura permis de politiser une population irlandaise jusqu’alors aveuglée par la violence sectarienne ou apathique. Bobby Sands et ses camarades auront affermi par leur action la conscience d’appartenance nationale au sein du camp républicain. Davantage, l’élection de Bobby Sands à la Chambre des Communes aura constitué bien plus qu’un acte symbolique. Une classe moyenne républicaine prend alors conscience qu’une Irlande réunie et indépendante est à la portée du bulletin de vote. À partir des années 80, la bourgeoisie catholique commence à voter en masse pour le Sinn Féin (l’organe partisan républicain, proche de l’IRA). Ce soutien ne s’est pas démenti à ce jour. On peut estimer que la solution politique négociée de 1998, qui permet aujourd’hui aux ennemis d’hier de cogérer ensemble la province, a paradoxalement pour origine les terribles événements de l’été de 1981.
Le film de Steve McQueen ne le montre pas et c’est regrettable : Bobby Sands n’était pas un personnage mystique et narcissique. C’était au contraire un militant intelligent et rationnel, un écrivain, un poète, un musicien. Dans ses écrits de prison qu’il nous a légués, il affirmait : « Je ne suis qu’un gars de la classe ouvrière, du ghetto nationaliste, mais c’est la répression qui crée l’esprit révolutionnaire de liberté. Je ne cesserai mon combat que lorsque j’aurai achevé la libération de mon pays, que lorsque l’Irlande sera devenue une république souveraine, indépendante et socialiste ».
Les dix membres de l’IRA qui ont mené la grève de la faim jusqu’au bout :
Bobby Sands, 27 ans, 66 jours de jeûne (1er mars-5 mai 1981)
Francis Hughes, 25 ans, 59 jours (15 mars-12 mai 1981)
Raymond McCreesh, 24 ans, 61 jours (22 mars-21 mai 1981)
Patsy O’Hara, 23 ans, 61 jours (22 mars-21 mai 1981)
Joe McDonnell, 29 ans, 61 jours (9 mai-8 juillet 1981)
Martin Hurson, 24 ans, 46 jours (28 mai-13 juillet 1981)
Kevin Lynch, 25 ans, 71 jours, (23 mai-1er aout 1981)
Kieran Doherty, 25 ans, 73 jours (22 mai-2 août 1981)
Thomas McElwee, 23 ans, 62 jours (8 juin-8 août 1981)
Michael Devine, 27 ans, 60 jours (22 juin-20 août 1981).
Francis Hughes, 25 ans, 59 jours (15 mars-12 mai 1981)
Raymond McCreesh, 24 ans, 61 jours (22 mars-21 mai 1981)
Patsy O’Hara, 23 ans, 61 jours (22 mars-21 mai 1981)
Joe McDonnell, 29 ans, 61 jours (9 mai-8 juillet 1981)
Martin Hurson, 24 ans, 46 jours (28 mai-13 juillet 1981)
Kevin Lynch, 25 ans, 71 jours, (23 mai-1er aout 1981)
Kieran Doherty, 25 ans, 73 jours (22 mai-2 août 1981)
Thomas McElwee, 23 ans, 62 jours (8 juin-8 août 1981)
Michael Devine, 27 ans, 60 jours (22 juin-20 août 1981).
mercredi 18 janvier 2012
L’Europe-Etat et l’Europe-Nation se feront contre les USA
Jean Thiriart | |
La construction européenne née du Traité de Rome (25 mars 1957) doit conduire à l’Europe-Etat. C’est une construction valable, indispensable et ce n’est pas son caractère technique qui devrait nous la faire condamner au nom d’un certain sentimentalisme. L’Europe du Marché Commun est une bonne chose. Mais elle est très limitée dans ses ambitions. Elle vise a la mise en place de structures étatiques. C’est à la fois beaucoup et peu. L’Europe ne sera achevée que lorsqu’elle sera à la fois Etat et à la fois Nation, c'est-à-dire structures et conscience.
Nous sommes historiquement les premiers, et les seuls, à avoir exprimé la volonté de la réaliser. Notre courant communautariste est la source d’où a jailli pour la première fois le concept de nationalisme européen. Celui-ci est essentiellement différent, est en fait même diamétralement opposé à ceux des Europes hégémoniques (Europe française de BONAPARTE ou de GAULLE et Europe allemande de HITLER) et à celle de l'Europe des Patries. La différence entre l’Europe-Etat et l'Europe Nation est celle qui existe entre l’inorganique et l’organique, entre la matière et la vie, entre la chimie et la biologie, entre l’atome et la cellule.
LA TRAHISON DES REGIMISTES
Tout les gouvernements européen occidentaux sont des sortis des fourgons anglo-saxons 1945. Ce sont les collabos des occupants directement ou filiation. Dès lors les constructions politiques européennes des régimistes sont hypothéquées par nos occupants. La preuve de cette hypothèque, de cette trahison d’intention, figure un peu partout, mais de façon formelle et éclatante dans un document officiel du « Parlement européen » (sic) : "L’Union européenne a pour mission de promouvoir l’unité de l'Europe... ".
Très bien, parfais. Mais un peu plus loin nous lisons :
" ...l’adoption d’une politique de défense commune, dans le cadre de l'Alliance atlantique, contribuant au renforcement de l’Alliance atlantique".
Ainsi donc l’aveu est là, bien étalé, bien explicite. L’aveu que cette "Europe" n’est qu’un appendice de l’impérialisme américain, car l'Alliance atlantique c’est le requin américain entouré des maquereaux européens régimistes. L’Europe officielle n’arrive pas à se faire car elle est empêtrée dans la contra-diction formelle, faire une nation qui au départ même s’avoue être dans la dépendance d’une autre. Sottise, tartuferie.
L’EUROPE DEVRA SE FAIRE CONTRE LES AMERICAINS
Une nation se définit notamment dans ce qu’elle est différente des autres, dans son style, dans ses intentions, dans ses intérêts. Ceux qui prétendent faire l'Europe et qui simultanément trouvent dans les Etats-Unis le modèle parfait de société, modèle qu’il n’y a qu’à copier, et qui estiment que chaque guerre américaine est aussi la nôtre, sont en contradiction avec eux-mêmes. Pourquoi faire l'Europe si les USA sont parfaits? Qu’on agrandisse les Etats-Unis, ce serait plus logique. La clique des prétendus « européens » qui chaque soir font leur prière en se couchant vers Washington ferait mieux de nous proposer l'Angleterre comme 51ième Etat américain, l'Allemagne comme 52ième, l'Italie comme 53ième. Car c’est cela la réalité.
Il y a contradiction absolue, formelle, conceptuelle, entre le fait d’être européen et le fait d’être pro-américain. Celui qui se dit pro-américain se met au banc de l’Europe, que ce soit la Social-démocratie ou quelque cornichon d’extrême-droite.
Celui qui collabore avec les américains est un traître à l’Europe.
L’EUROPE SANS RISQUES : IDIOTIE
De candides intellectuelles, parfois bien intentionnés espèrent faire une Europe par des moyens pacifiques, raisonnés. C’est là un rêve. L’histoire se fait dans les convulsions, dans les combats, dans l’effort et le sacrifice. Une nation, se fait, notamment, contre quelque chose, contre des ennemies. Non seulement les Etats-Unis sont historiquement les ennemis de l'Europe naissante, sur le plan objectif mais ils doivent l’être sur le plan psychologique. Une nation a besoin d’ennemis pour se faire, pour se maintenir. Vivre face à des ennemis créé l’unité, créé la santé morale ,maintient la vigueur caractérielle. Pour nous il n’est pas question de demander l'Europe mais de prendre l’Europe. Objectivement jamais aucun état hégémonique (comme les USA en ce moment vis-à-vis de l'Europe) n’a donné l’indépendance à ses vassaux; mais bien au contraire il leur a fallu prendre leur indépendance. L’Italie s’est faite à la fois contre les Autrichiens et contre les Français. L’Europe se fera contre les Américains. Une nation se forge dans le combat et se scelle dans le sang. Les risques sont grands mais ils doivent être pris. La vie c’est le risque permanent. Le risque doit être voulu, calculé.
Une Europe sans risques est chimère démentie par toute l’expérience de l’Histoire.
LE BOUCLIER ET LE CALENDRIER
Le grand argument spécieux des philo-américains honteux est celui du 'bouclier américain'.
Quel est ce bouclier ?
Exsangue en 1945, convalescente en 1955, L’Europe est aujourd’hui sur les plans industriels et économique pleine de forge et de santé. La protection américaine - contre l’assaut stalinien - était indispensable en 1948, utile en 1951 (dans l'esprit de l'époque). Aujourd’hui il n’en est plus de même. En usines, en argent, en hommes la seule Europe occidentale n’a plus besoin des américains. Qu’ils partent donc. Aucune gratitude ne doit nous lier à eux. Ils sont venus en Europe pour leurs intérêts et pas pour les nôtres. En 1949 nous pouvions être philo-américains par hypocrisie et par intérêt. Plus aujourd’hui.
La seule Europe occidentale est assez puissant pour mettre sur pied très facilement une force militaire susceptible de refouler tout adversaire potentiel. Le tout est de la vouloir, cette force militaire, donc de vouloir l’unité politique de l’Europe. Ceux qui prétendent qu’on ne peut pas se passer des Américains ne font rien pour qu’on puisse s’en passer.
Le "bouclier américain" c’est l’alibi des lâches, c’est l’alibi des paresseux, c’est l’alibi des impuissants.
L’hypocrite construction américaine est la suivante : ils disent, du bout des lèvres, qu’ils partiront d'Europe quand nous seront assez forts pour nous défendre tout seuls, (ils le disent mais ils ne le pensent pas ) et en même temps ils font tout pour que nous soyons jamais assez forts tout seuls. Là est la clef de cet éhonté mensonge.
Les Etats-Unis ne veulent pas nous vendre les armements atomiques ou nous les confier dans le cadre de l'OTAN. L’OTAN est donc une escroquerie (le requin et les maquereaux - voir plus haut) puisqu’il s’y trouve des alliés de premier rang (les USA) et des alliés de second rang (les petits pays européens) les premiers ayant droit à la bombe et les seconds n’y ayant pas droit.
Les Américains sont suffisamment réalistes pour savoir que la fin de leur occupation militaire en Europe serait suivie, six mois plus tard de la fin de leur suzeraineté politique. Dès lors les américains ne peuvent pas envisager sincèrement leur départ.
Les Américains, à juste titre, n’ont pas confiance dans une libre association Europe-USA sur pied d’égalité. Ils savent bien que l’Europe forte, indépendante, ne sera PAS une alliée des USA.
Dès lors les Américains feront tout pour demeurer toujours indispensables militairement en Europe. La thèse des collabos pro-américains selon laquelle nous ne pouvons pas nous passer des Américains est hypocrite, en fait ils feraient mieux d’avouer nous ne voulons pas nous passer des Américains. L’argument du "bouclier américain" ne serait valable qu’à deux conditions formelles :
Aucun des deux points n’est respecté, ni ne le sera. J’irai même plus loin que ce plan prudent. Je dirai même qu’il est souhaitable que les troupes américaines décampent avant même que le calendrier soit établi. Quand l'Europe aura la trouille elle se ressaisira. Actuellement l'Europe est paresseusement lâche à labri du "bouclier américain". Pour accélérer la prise de conscience de l'Europe il faut souhaiter délibérément un danger. C’est le besoin, c’est l’urgence, c’est l’imminence qui réveilleront l’Europe. Il faut donc accepter et souhaiter les risques d’une relève hâtive, d’une relève dangereuse. Pour cimenter l'Europe, il faudra la mettre partiellement en danger. Cela n’a pas échappé aux clefs de la France en 1792...
On ne crée pas une nation avec des discours, des vœux pieux et des banquets. On crée une nation avec des fusils, avec des martyrs, avec des dangers vécus en commun. En fait les philo-américains sont des pleutres, des gens qui n’ont pas envie de se battre eux mêmes le cas échéant. Ils acceptent l’humiliation de l’occupation américaine pour ne pas devoir se battre eux-mêmes. C’est le même état d’esprit que celui de la bourgeoisie française sous l’occupation allemande en 1942. Ils se croyaient bien malins en disant "les allemands crèvent sur le front russe pour protéger nos coffres-forts". Ils se croyaient bien malin mais ils ne se voyaient pas bien lâches. Ainsi une tradition ne se perd pas. La même ignoble bourgeoisie qui se faisait protéger par le "bouclier allemand" en 1942 accepte aujourd’hui, avec complaisance de se faire protéger par le "bouclier américain".Du moment que leurs dividendes sont protégés ils sont contents. Mais si ces gens ont la peur physique du départ des américains, car alors, ils devraient se faire eux-mêmes; nous, nous n’avons pas peur. Là est le fossé qui nous sépare de la clique des collabos philo-yankees.
LES SOLUTIONS GARIBALDIENNES
L’unité italienne s’est faite à l’aide de différents facteurs : l’idéalisme et la magnifique prescience de MAZZINI, l’épopée activiste de GARIBALDI, les calculs de CAVOUR. C’est un ensemble indissociable. Sur le plan purement militaire l’action garibaldienne a été insignifiante. Sur le plan historique elle a été capitale, déterminante. C’est grâce à GARIBALDI que le sang a été versé. Et quand le sang a été versé un fossé se creuse entre l’occupant et l’occupé. Un fossé qui oblige tout le monde à prendre parti nettement pour ou contre l’occupant. Après les premiers morts il n’y a plus de place pour les "oui mais", les "peut-être".
Le phénomène s’est vérifié en Algérie entre 1954 et 1962. EN 1954 de nombreux Algériens pouvaient encore défendre avec justesse la thèse de l’occupation française comme "moindre mal". En 1960 aucun Algérien ne pouvait plus le faire. Le fossé avait été creusé par les morts. Qu’il l’ait été artificiellement, délibérément, ne change rien.
Pendant l’occupation allemande les communistes ont procédé de la sorte. Ils ont tué des soldats allemands bien innocents, d’une balle dans le dos. Les autorités occupantes sont tombés dans le panneau : elles ont fusillés des français tout autant innocents. La machine était alors mise en marche; l’irrémédiable était commencé. Cela ne pouvait plus finir que par la destruction totale de l’un ou de l’autre. On pouvait être attentiste en 1940, plus en janvier 1945.
Lorsque GARIBALDI a eu ses premiers cent morts dans ses rangs de soldats irréguliers, l’Italie commençait à se sentir obligée de terminer l’affaire au canon. Ce qu’elle a fait.
L’Europe aussi devra se faire contre ses occupants. Si le chantage est bien fait cela se fera sans trop de sang ou sans violences même. Mais il est probable que le chantage au départ de nos occupants sera terriblement renforcé par des "actions garibaldiennes".
Dans une très politique duplicité patriotique, comme celle de GARIBALDI et CAVOUR, nous ferons partir les occupants. Un révolutionnaire européen doit donc dés à présent envisager comme une hypothèse de travail une éventuelle lutte armée insurrectionnelle contre l’occupant américain. Celui à qui cette hypothèse fait peur n’est pas un révolutionnaire. Il n’est pas non plus un nationaliste européen. Quand on veut la fin on veut les moyens. Quand en veut l'Europe on veut tout les moyens de la faire.
L’EUROPE QUE NOUS DEVRONS FAIRE NOUS-MEMES
L'Europe régimiste échoue dans la construction de l'Europe, soit du fait des arrière-pensées petites-nationalistes soit du fait du fil à la patte américain. L'Europe du traité de Rome ne s’achèvera pas d’elle-même. Nous devrons faire l'Europe, la faire nous-mêmes. La chose devient aujourd’hui évidente : L'Europe a été un prétexte à des politiciens pour se faire valoir. Chacun a apprécié ce qu’il pouvait tirer de l'Europe, pour lui en tant que publicité ou pour son pays en tant qu’avantage économiques égoïstes. De calcul en ruses, de mensonges en hypocrisies l'Europe officielle est maintenant dans l’impasse. Elle l’est parce que ses promoteurs n’avait pas la volonté de la faire. Au mieux en avaient-ils, certains, le vague et pieux souhait.
Ainsi donc nous allons devoir nous-mêmes faire l’Europe. La faire à travers un grand PARTI HISTORIQUE, à travers un grand PARTI PATRIOTIQUE NATIONAL-EUROPEEN. IL faudra agir directement sur les événements, éliminer de la scène politique les gouvernants anti-européens et piquer les fesses des hésitants de la baïonnette. Plus que jamais je suis convaincu que l'Europe sera faite par un PARTI qui obligera à faire l'Europe, par un PARTI qui donnera une conscience d’elle-même à l'Europe, par un parti préparé aux tâches idéologiques ou passionnelles, légales ou illégales, dialectiques ou violentes. Hier il a fallu le NEO-DESTOUR pour faire la Tunisie, l'ISTIQLAL pour faire le Maroc, le FLN pour faire l'Algérie comme il y a un siècle il a fallu le Risorgimento pour faire l’Italie.
Pour accoucher l'Europe-Nation il faut un parti. Nous le préparons.
Jean THIRIART
Nous sommes historiquement les premiers, et les seuls, à avoir exprimé la volonté de la réaliser. Notre courant communautariste est la source d’où a jailli pour la première fois le concept de nationalisme européen. Celui-ci est essentiellement différent, est en fait même diamétralement opposé à ceux des Europes hégémoniques (Europe française de BONAPARTE ou de GAULLE et Europe allemande de HITLER) et à celle de l'Europe des Patries. La différence entre l’Europe-Etat et l'Europe Nation est celle qui existe entre l’inorganique et l’organique, entre la matière et la vie, entre la chimie et la biologie, entre l’atome et la cellule.
LA TRAHISON DES REGIMISTES
Tout les gouvernements européen occidentaux sont des sortis des fourgons anglo-saxons 1945. Ce sont les collabos des occupants directement ou filiation. Dès lors les constructions politiques européennes des régimistes sont hypothéquées par nos occupants. La preuve de cette hypothèque, de cette trahison d’intention, figure un peu partout, mais de façon formelle et éclatante dans un document officiel du « Parlement européen » (sic) : "L’Union européenne a pour mission de promouvoir l’unité de l'Europe... ".
Très bien, parfais. Mais un peu plus loin nous lisons :
" ...l’adoption d’une politique de défense commune, dans le cadre de l'Alliance atlantique, contribuant au renforcement de l’Alliance atlantique".
Ainsi donc l’aveu est là, bien étalé, bien explicite. L’aveu que cette "Europe" n’est qu’un appendice de l’impérialisme américain, car l'Alliance atlantique c’est le requin américain entouré des maquereaux européens régimistes. L’Europe officielle n’arrive pas à se faire car elle est empêtrée dans la contra-diction formelle, faire une nation qui au départ même s’avoue être dans la dépendance d’une autre. Sottise, tartuferie.
L’EUROPE DEVRA SE FAIRE CONTRE LES AMERICAINS
Une nation se définit notamment dans ce qu’elle est différente des autres, dans son style, dans ses intentions, dans ses intérêts. Ceux qui prétendent faire l'Europe et qui simultanément trouvent dans les Etats-Unis le modèle parfait de société, modèle qu’il n’y a qu’à copier, et qui estiment que chaque guerre américaine est aussi la nôtre, sont en contradiction avec eux-mêmes. Pourquoi faire l'Europe si les USA sont parfaits? Qu’on agrandisse les Etats-Unis, ce serait plus logique. La clique des prétendus « européens » qui chaque soir font leur prière en se couchant vers Washington ferait mieux de nous proposer l'Angleterre comme 51ième Etat américain, l'Allemagne comme 52ième, l'Italie comme 53ième. Car c’est cela la réalité.
Il y a contradiction absolue, formelle, conceptuelle, entre le fait d’être européen et le fait d’être pro-américain. Celui qui se dit pro-américain se met au banc de l’Europe, que ce soit la Social-démocratie ou quelque cornichon d’extrême-droite.
Celui qui collabore avec les américains est un traître à l’Europe.
L’EUROPE SANS RISQUES : IDIOTIE
De candides intellectuelles, parfois bien intentionnés espèrent faire une Europe par des moyens pacifiques, raisonnés. C’est là un rêve. L’histoire se fait dans les convulsions, dans les combats, dans l’effort et le sacrifice. Une nation, se fait, notamment, contre quelque chose, contre des ennemies. Non seulement les Etats-Unis sont historiquement les ennemis de l'Europe naissante, sur le plan objectif mais ils doivent l’être sur le plan psychologique. Une nation a besoin d’ennemis pour se faire, pour se maintenir. Vivre face à des ennemis créé l’unité, créé la santé morale ,maintient la vigueur caractérielle. Pour nous il n’est pas question de demander l'Europe mais de prendre l’Europe. Objectivement jamais aucun état hégémonique (comme les USA en ce moment vis-à-vis de l'Europe) n’a donné l’indépendance à ses vassaux; mais bien au contraire il leur a fallu prendre leur indépendance. L’Italie s’est faite à la fois contre les Autrichiens et contre les Français. L’Europe se fera contre les Américains. Une nation se forge dans le combat et se scelle dans le sang. Les risques sont grands mais ils doivent être pris. La vie c’est le risque permanent. Le risque doit être voulu, calculé.
Une Europe sans risques est chimère démentie par toute l’expérience de l’Histoire.
LE BOUCLIER ET LE CALENDRIER
Le grand argument spécieux des philo-américains honteux est celui du 'bouclier américain'.
Quel est ce bouclier ?
Exsangue en 1945, convalescente en 1955, L’Europe est aujourd’hui sur les plans industriels et économique pleine de forge et de santé. La protection américaine - contre l’assaut stalinien - était indispensable en 1948, utile en 1951 (dans l'esprit de l'époque). Aujourd’hui il n’en est plus de même. En usines, en argent, en hommes la seule Europe occidentale n’a plus besoin des américains. Qu’ils partent donc. Aucune gratitude ne doit nous lier à eux. Ils sont venus en Europe pour leurs intérêts et pas pour les nôtres. En 1949 nous pouvions être philo-américains par hypocrisie et par intérêt. Plus aujourd’hui.
La seule Europe occidentale est assez puissant pour mettre sur pied très facilement une force militaire susceptible de refouler tout adversaire potentiel. Le tout est de la vouloir, cette force militaire, donc de vouloir l’unité politique de l’Europe. Ceux qui prétendent qu’on ne peut pas se passer des Américains ne font rien pour qu’on puisse s’en passer.
Le "bouclier américain" c’est l’alibi des lâches, c’est l’alibi des paresseux, c’est l’alibi des impuissants.
L’hypocrite construction américaine est la suivante : ils disent, du bout des lèvres, qu’ils partiront d'Europe quand nous seront assez forts pour nous défendre tout seuls, (ils le disent mais ils ne le pensent pas ) et en même temps ils font tout pour que nous soyons jamais assez forts tout seuls. Là est la clef de cet éhonté mensonge.
Les Etats-Unis ne veulent pas nous vendre les armements atomiques ou nous les confier dans le cadre de l'OTAN. L’OTAN est donc une escroquerie (le requin et les maquereaux - voir plus haut) puisqu’il s’y trouve des alliés de premier rang (les USA) et des alliés de second rang (les petits pays européens) les premiers ayant droit à la bombe et les seconds n’y ayant pas droit.
Les Américains sont suffisamment réalistes pour savoir que la fin de leur occupation militaire en Europe serait suivie, six mois plus tard de la fin de leur suzeraineté politique. Dès lors les américains ne peuvent pas envisager sincèrement leur départ.
Les Américains, à juste titre, n’ont pas confiance dans une libre association Europe-USA sur pied d’égalité. Ils savent bien que l’Europe forte, indépendante, ne sera PAS une alliée des USA.
Dès lors les Américains feront tout pour demeurer toujours indispensables militairement en Europe. La thèse des collabos pro-américains selon laquelle nous ne pouvons pas nous passer des Américains est hypocrite, en fait ils feraient mieux d’avouer nous ne voulons pas nous passer des Américains. L’argument du "bouclier américain" ne serait valable qu’à deux conditions formelles :
Aucun des deux points n’est respecté, ni ne le sera. J’irai même plus loin que ce plan prudent. Je dirai même qu’il est souhaitable que les troupes américaines décampent avant même que le calendrier soit établi. Quand l'Europe aura la trouille elle se ressaisira. Actuellement l'Europe est paresseusement lâche à labri du "bouclier américain". Pour accélérer la prise de conscience de l'Europe il faut souhaiter délibérément un danger. C’est le besoin, c’est l’urgence, c’est l’imminence qui réveilleront l’Europe. Il faut donc accepter et souhaiter les risques d’une relève hâtive, d’une relève dangereuse. Pour cimenter l'Europe, il faudra la mettre partiellement en danger. Cela n’a pas échappé aux clefs de la France en 1792...
On ne crée pas une nation avec des discours, des vœux pieux et des banquets. On crée une nation avec des fusils, avec des martyrs, avec des dangers vécus en commun. En fait les philo-américains sont des pleutres, des gens qui n’ont pas envie de se battre eux mêmes le cas échéant. Ils acceptent l’humiliation de l’occupation américaine pour ne pas devoir se battre eux-mêmes. C’est le même état d’esprit que celui de la bourgeoisie française sous l’occupation allemande en 1942. Ils se croyaient bien malins en disant "les allemands crèvent sur le front russe pour protéger nos coffres-forts". Ils se croyaient bien malin mais ils ne se voyaient pas bien lâches. Ainsi une tradition ne se perd pas. La même ignoble bourgeoisie qui se faisait protéger par le "bouclier allemand" en 1942 accepte aujourd’hui, avec complaisance de se faire protéger par le "bouclier américain".Du moment que leurs dividendes sont protégés ils sont contents. Mais si ces gens ont la peur physique du départ des américains, car alors, ils devraient se faire eux-mêmes; nous, nous n’avons pas peur. Là est le fossé qui nous sépare de la clique des collabos philo-yankees.
LES SOLUTIONS GARIBALDIENNES
L’unité italienne s’est faite à l’aide de différents facteurs : l’idéalisme et la magnifique prescience de MAZZINI, l’épopée activiste de GARIBALDI, les calculs de CAVOUR. C’est un ensemble indissociable. Sur le plan purement militaire l’action garibaldienne a été insignifiante. Sur le plan historique elle a été capitale, déterminante. C’est grâce à GARIBALDI que le sang a été versé. Et quand le sang a été versé un fossé se creuse entre l’occupant et l’occupé. Un fossé qui oblige tout le monde à prendre parti nettement pour ou contre l’occupant. Après les premiers morts il n’y a plus de place pour les "oui mais", les "peut-être".
Le phénomène s’est vérifié en Algérie entre 1954 et 1962. EN 1954 de nombreux Algériens pouvaient encore défendre avec justesse la thèse de l’occupation française comme "moindre mal". En 1960 aucun Algérien ne pouvait plus le faire. Le fossé avait été creusé par les morts. Qu’il l’ait été artificiellement, délibérément, ne change rien.
Pendant l’occupation allemande les communistes ont procédé de la sorte. Ils ont tué des soldats allemands bien innocents, d’une balle dans le dos. Les autorités occupantes sont tombés dans le panneau : elles ont fusillés des français tout autant innocents. La machine était alors mise en marche; l’irrémédiable était commencé. Cela ne pouvait plus finir que par la destruction totale de l’un ou de l’autre. On pouvait être attentiste en 1940, plus en janvier 1945.
Lorsque GARIBALDI a eu ses premiers cent morts dans ses rangs de soldats irréguliers, l’Italie commençait à se sentir obligée de terminer l’affaire au canon. Ce qu’elle a fait.
L’Europe aussi devra se faire contre ses occupants. Si le chantage est bien fait cela se fera sans trop de sang ou sans violences même. Mais il est probable que le chantage au départ de nos occupants sera terriblement renforcé par des "actions garibaldiennes".
Dans une très politique duplicité patriotique, comme celle de GARIBALDI et CAVOUR, nous ferons partir les occupants. Un révolutionnaire européen doit donc dés à présent envisager comme une hypothèse de travail une éventuelle lutte armée insurrectionnelle contre l’occupant américain. Celui à qui cette hypothèse fait peur n’est pas un révolutionnaire. Il n’est pas non plus un nationaliste européen. Quand on veut la fin on veut les moyens. Quand en veut l'Europe on veut tout les moyens de la faire.
L’EUROPE QUE NOUS DEVRONS FAIRE NOUS-MEMES
L'Europe régimiste échoue dans la construction de l'Europe, soit du fait des arrière-pensées petites-nationalistes soit du fait du fil à la patte américain. L'Europe du traité de Rome ne s’achèvera pas d’elle-même. Nous devrons faire l'Europe, la faire nous-mêmes. La chose devient aujourd’hui évidente : L'Europe a été un prétexte à des politiciens pour se faire valoir. Chacun a apprécié ce qu’il pouvait tirer de l'Europe, pour lui en tant que publicité ou pour son pays en tant qu’avantage économiques égoïstes. De calcul en ruses, de mensonges en hypocrisies l'Europe officielle est maintenant dans l’impasse. Elle l’est parce que ses promoteurs n’avait pas la volonté de la faire. Au mieux en avaient-ils, certains, le vague et pieux souhait.
Ainsi donc nous allons devoir nous-mêmes faire l’Europe. La faire à travers un grand PARTI HISTORIQUE, à travers un grand PARTI PATRIOTIQUE NATIONAL-EUROPEEN. IL faudra agir directement sur les événements, éliminer de la scène politique les gouvernants anti-européens et piquer les fesses des hésitants de la baïonnette. Plus que jamais je suis convaincu que l'Europe sera faite par un PARTI qui obligera à faire l'Europe, par un PARTI qui donnera une conscience d’elle-même à l'Europe, par un parti préparé aux tâches idéologiques ou passionnelles, légales ou illégales, dialectiques ou violentes. Hier il a fallu le NEO-DESTOUR pour faire la Tunisie, l'ISTIQLAL pour faire le Maroc, le FLN pour faire l'Algérie comme il y a un siècle il a fallu le Risorgimento pour faire l’Italie.
Pour accoucher l'Europe-Nation il faut un parti. Nous le préparons.
Jean THIRIART
mardi 17 janvier 2012
Un ancien membre de la CIA prévoit "une guerre de cent ans dans le monde arabe"
Un ancien membre de la CIA prévoit "une guerre de cent ans dans le monde arabe"
International |
Robert Baer, membre pendant vingt ans de la division des opérations clandestines de la CIA a donné un entretien au quotidien La Libre Belgique dans lequel il dresse un tableau pessimiste du monde arabe. Totalement opposé à une intervention militaire occidentale contre la Syrie, il affirme qu’ "à chaque fois que l’Ouest s’implique dans une guerre, il multiplie les dommages. L’invasion de l’Irak en 2003 est une des catastrophes majeures du XXIe siècle. Ils ont détrôné un tyran. Et ils ont rouvert les divisions ethniques. Une intervention militaire en Syrie affecterait toute la région, y compris la Jordanie et le Liban. Il y aura une division plus profonde entre la Turquie et l’Iran. "
Au sujet des frères musulmans, Robert Baer estime que "Nous sommes en train de voir l’émergence d’une sorte de califat. La force dominante dans ces pays sont les Frères musulmans. Ils sont organisés. Ils promettent de combattre la corruption, une promesse qui n’a pas encore été testée. Les Frères musulmans sont comme Alexandre Kerensky, lors de la révolution russe. Ils disent tout ce qu’il faut dire. L’étape suivante risque de voir émerger les salafistes, les plus cohérents et les plus engagés (NdlR, Kerensky fut l’un des avocats de la lutte contre le régime tsariste, mais fut balayé ensuite par les bolcheviques)."
A la question de savoir si on assite à une révolution dans les pays arabes, l’ancien membre de la CIA répond "Oui. Il suffit que l’un de ces pays réussisse. Mais, pour le moment, c’est plus vers une guerre civile régionale que l’on tend, comme la guerre de cent ans. Les frontières de la région ont été fixées arbitrairement. Et au milieu de tout cela, vous avez cette chose étrange qu’est Israël. On l’ignore pour le moment. Mais si j’étais israélien, je serais terrifié."
Au sujet des frères musulmans, Robert Baer estime que "Nous sommes en train de voir l’émergence d’une sorte de califat. La force dominante dans ces pays sont les Frères musulmans. Ils sont organisés. Ils promettent de combattre la corruption, une promesse qui n’a pas encore été testée. Les Frères musulmans sont comme Alexandre Kerensky, lors de la révolution russe. Ils disent tout ce qu’il faut dire. L’étape suivante risque de voir émerger les salafistes, les plus cohérents et les plus engagés (NdlR, Kerensky fut l’un des avocats de la lutte contre le régime tsariste, mais fut balayé ensuite par les bolcheviques)."
A la question de savoir si on assite à une révolution dans les pays arabes, l’ancien membre de la CIA répond "Oui. Il suffit que l’un de ces pays réussisse. Mais, pour le moment, c’est plus vers une guerre civile régionale que l’on tend, comme la guerre de cent ans. Les frontières de la région ont été fixées arbitrairement. Et au milieu de tout cela, vous avez cette chose étrange qu’est Israël. On l’ignore pour le moment. Mais si j’étais israélien, je serais terrifié."
Le projet de la Grande Europe (Une ébauche géopolitique pour un monde multipolaire à venir)
Alexandre Douguine | Théoriciens :: Douguine |

1. Suite au déclin et à la disparition du Bloc socialiste en Europe de l’Est à la fin du siècle dernier, une nouvelle vision géopolitique du monde basée sur une nouvelle approche est devenue une nécessité. Mais l’inertie de la pensée politique et le manque d’imagination historique chez les élites politiques de l’Occident victorieux a conduit à une option simpliste : les bases conceptuelles de la démocratie occidentale, une société d’économie de marché, et la domination stratégique des États-Unis à l’échelle mondiale sont devenues les seules solutions à tous les défis émergents et le modèle universel qui devrait être impérativement accepté par toute l’humanité.
2. Cette nouvelle réalité émerge devant nos yeux – la réalité d’un monde organisé entièrement par le paradigme américain. Un think-tank néoconservateur influent des États-Unis modernes s’y réfère ouvertement par un terme plus approprié – ‘l’Empire global’ (parfois ‘l’Empire bienveillant’ – R. Kagan). Cet Empire est unipolaire et concentrique dans sa nature profonde. Au centre, il y a le ‘Nord riche’, la communauté atlantique. Tout le reste du monde, – la zone des pays sous-développés ou en développement, considérée comme périphérique, – est censé suivre la même direction et le même cours que les pays du cœur de l’Occident bien avant eux.
3. Dans une telle vision unipolaire, l’Europe est considérée comme la banlieue de l’Amérique (capitale du monde), et comme une tête de pont de l’Occident américain vers le grand continent eurasien. L’Europe est vue comme une simple partie du Nord riche, non pas comme un preneur de décision, mais comme un associé junior sans intérêts propres et sans caractéristique spécifique. L’Europe, dans un tel projet, est perçue comme un objet et non comme un sujet, comme une entité géopolitique privée d’une identité et d’une volonté autonomes, comme d’une souveraineté véritable et reconnue. L’essentiel de la spécificité de l’héritage culturel, politique, idéologique et géopolitique européen est pensé comme appartenant au passé : tout ce qui a été autrefois estimé comme utile a déjà été intégré dans le projet de l’Occident global ; ce qui reste est disqualifié comme non pertinent. Dans un tel contexte, l’Europe se trouve géopolitiquement privée de son être propre et indépendant. Se trouvant voisine, sur le plan géographique, de régions et de civilisations non-européennes, l’Europe peut alors facilement perdre sa forme culturelle et politique.
4. Dans tous les cas, la démocratie libérale et la théorie du libre-échange ne représentent qu’une partie de l’héritage historique européen et il y a eu d’autres options proposées et d’autres solutions traitées par les grands penseurs, scientifiques, politiciens, idéologues et artistes européens. L’identité de l’Europe est bien plus vaste et profonde que quelques fast-foods idéologiques américains simplistes du complexe de l’Empire global – avec son mélange caricatural d’ultralibéralisme, d’idéologie du marché libre et de démocratie quantitative. À l’époque de la guerre froide, l’unité du monde occidental (sur les deux rives de l’Atlantique) avait comme base plus ou moins solide la défense mutuelle de valeurs communes. Mais à présent ce défi n’a plus aucune actualité, l’ancienne rhétorique ne marche plus. Elle devrait être révisée et de nouveaux arguments fournis. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus d’ennemi commun, clair et réaliste. La base positive pour un monde occidental uni à l’avenir est presque totalement absente. Le choix social des pays et des États européens est en contradiction complète avec l’option ultralibérale anglo-saxonne (aujourd’hui américaine).
5. L’Europe actuelle possède ses propres intérêts stratégiques qui diffèrent substantiellement des intérêts américains ainsi que de l’approche du projet de l’Occident global. L’Europe possède son tropisme particulier envers ses voisins du sud et de l’est. Dans certains cas, l’intérêt économique, les solutions énergétiques et la défense commune ne coïncident pas du tout avec ceux de l’Amérique.
6. Ces considérations générales nous mènent, nous, intellectuels européens profondément concernés par le destin de notre Patrie culturelle et historique, l’Europe, à la conclusion que nous avons grandement besoin d’une vision alternative du monde à venir, où la place, le rôle et la mission de l’Europe et de la civilisation européenne seraient différentes, plus grandes, meilleures et plus sûres que dans le cadre du projet de l’Empire global avec ses caractéristiques impériales par trop évidentes.
7. La seule alternative faisable dans les circonstances présentes est à ancrer dans le contexte d’un monde multipolaire. La multipolarité peut garantir à n’importe quel pays et civilisation sur la planète le droit et la liberté de développer son propre potentiel, d’organiser sa propre réalité interne en accord avec l’identité spécifique de sa culture et de son peuple, ainsi que de proposer une base fiable de relations internationales justes et équilibrées dans le concert des nations du monde. La multipolarité devrait être fondée sur un principe d’équité entre les différentes sortes d’organisations politiques, sociales et économiques de ces nations et États. Le progrès technologique et l’ouverture croissante des pays devrait promouvoir le dialogue entre, et la prospérité de, tous les peuples et nations. Mais dans le même temps, ne pas mettre en danger leurs identités respectives. Les différences entre les civilisations n’ont pas à culminer nécessairement dans un inévitable choc – contrairement à la logique simpliste de quelques écrivains américains. Le dialogue, ou plutôt le ‘polylogue’, est une possibilité réaliste et faisable que nous devrions tous poursuivre à cet égard.
8. En ce qui concerne directement l’Europe, et par contraste avec d’autres plans pour la création de quelque chose de ‘grand’ dans le vieux sens impérialiste du terme – que ce soit le Projet pour un Grand Moyen-Orient ou le programme pan-nationaliste pour une Grande Russie ou une Grande Chine – nous proposons, comme concrétisation de l’approche multipolaire, une vision équilibrée et ouverte de la Grande Europe comme nouveau concept pour le futur développement de notre civilisation dans ses dimensions stratégiques, sociales, culturelles, économique et géopolitiques.
9. La Grande Europe consiste dans le territoire contenu à l’intérieur des frontières qui coïncident avec les limites d’une civilisation. Ce genre de frontière est quelque chose de complètement nouveau, comme l’est le concept de l’État-civilisation. La nature de ces frontières suppose une transition graduelle – non pas une ligne abrupte. Cette Grande Europe devrait donc être ouverte à des interactions avec ses voisins à l’ouest, à l’est ou au sud.
10. Une Grande Europe dans le contexte général d’un monde multipolaire est conçue comme entourée par d’autres grands territoires, appuyant leurs unités respectives sur l’affinité des civilisations. Nous pouvons ainsi postuler l’apparition éventuelle d’une Grande Amérique du nord, d’une Grande Eurasie, d’une Grande Asie pacifique et, dans un avenir plus distant, d’une Grande Amérique du sud et d’une Grande Afrique. Aucun pays – hormis les États-Unis – en l’état actuel des choses, n’a les moyens de défendre sa vraie souveraineté, en ne comptant que sur ses propres ressources internes. Aucun ne peut être considéré comme un pôle autonome capable de contrebalancer la puissance atlantiste. La multipolarité réclame un processus d’intégration à large échelle. On pourrait l’appeler ‘une chaîne de globalisations’ – mais une globalisation sans limites concrètes – coïncidant avec les frontières approximatives de civilisations variées.
11. Nous imaginons cette Grande Europe comme une puissance géopolitique souveraine, avec sa propre identité culturelle forte, avec ses propres options sociales et politiques – basées sur les principes de la tradition démocratique européenne – avec son propre système de défense, incluant les armes atomiques, avec sa propre stratégie énergétique et d’accès aux ressources minérales, élaborant ses choix de paix ou de guerre avec d’autres pays ou civilisations en toute indépendance – tout ceci appuyé sur une volonté européenne commune et un processus démocratique dans la prise de décision.
12. Dans le but de promouvoir notre projet de Grande Europe et le concept de multipolarité, nous en appelons aux différentes forces dans les pays européens, ainsi qu’aux Russes, aux Américains, aux Asiatiques, à soutenir activement notre initiative au-delà de leurs options politiques, de leurs différences culturelles et de leurs choix religieux, à créer dans chaque place ou région des Comités pour une Grande Europe ou d’autres genres d’organisations partageant l’approche multipolaire, rejetant l’unipolarité, le danger croissant de l’impérialisme américain, et développant un concept similaire pour les autres civilisations. Si nous travaillons ensemble, affirmant avec force nos identités différentes, nous serons en mesure de fonder un monde meilleur, équilibré et juste, un Monde plus Grand où n’importe quelle forme digne de culture, de société, de foi, de tradition et de créativité humaine trouvera sa place adéquate et accordée.
2. Cette nouvelle réalité émerge devant nos yeux – la réalité d’un monde organisé entièrement par le paradigme américain. Un think-tank néoconservateur influent des États-Unis modernes s’y réfère ouvertement par un terme plus approprié – ‘l’Empire global’ (parfois ‘l’Empire bienveillant’ – R. Kagan). Cet Empire est unipolaire et concentrique dans sa nature profonde. Au centre, il y a le ‘Nord riche’, la communauté atlantique. Tout le reste du monde, – la zone des pays sous-développés ou en développement, considérée comme périphérique, – est censé suivre la même direction et le même cours que les pays du cœur de l’Occident bien avant eux.
3. Dans une telle vision unipolaire, l’Europe est considérée comme la banlieue de l’Amérique (capitale du monde), et comme une tête de pont de l’Occident américain vers le grand continent eurasien. L’Europe est vue comme une simple partie du Nord riche, non pas comme un preneur de décision, mais comme un associé junior sans intérêts propres et sans caractéristique spécifique. L’Europe, dans un tel projet, est perçue comme un objet et non comme un sujet, comme une entité géopolitique privée d’une identité et d’une volonté autonomes, comme d’une souveraineté véritable et reconnue. L’essentiel de la spécificité de l’héritage culturel, politique, idéologique et géopolitique européen est pensé comme appartenant au passé : tout ce qui a été autrefois estimé comme utile a déjà été intégré dans le projet de l’Occident global ; ce qui reste est disqualifié comme non pertinent. Dans un tel contexte, l’Europe se trouve géopolitiquement privée de son être propre et indépendant. Se trouvant voisine, sur le plan géographique, de régions et de civilisations non-européennes, l’Europe peut alors facilement perdre sa forme culturelle et politique.
4. Dans tous les cas, la démocratie libérale et la théorie du libre-échange ne représentent qu’une partie de l’héritage historique européen et il y a eu d’autres options proposées et d’autres solutions traitées par les grands penseurs, scientifiques, politiciens, idéologues et artistes européens. L’identité de l’Europe est bien plus vaste et profonde que quelques fast-foods idéologiques américains simplistes du complexe de l’Empire global – avec son mélange caricatural d’ultralibéralisme, d’idéologie du marché libre et de démocratie quantitative. À l’époque de la guerre froide, l’unité du monde occidental (sur les deux rives de l’Atlantique) avait comme base plus ou moins solide la défense mutuelle de valeurs communes. Mais à présent ce défi n’a plus aucune actualité, l’ancienne rhétorique ne marche plus. Elle devrait être révisée et de nouveaux arguments fournis. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus d’ennemi commun, clair et réaliste. La base positive pour un monde occidental uni à l’avenir est presque totalement absente. Le choix social des pays et des États européens est en contradiction complète avec l’option ultralibérale anglo-saxonne (aujourd’hui américaine).
5. L’Europe actuelle possède ses propres intérêts stratégiques qui diffèrent substantiellement des intérêts américains ainsi que de l’approche du projet de l’Occident global. L’Europe possède son tropisme particulier envers ses voisins du sud et de l’est. Dans certains cas, l’intérêt économique, les solutions énergétiques et la défense commune ne coïncident pas du tout avec ceux de l’Amérique.
6. Ces considérations générales nous mènent, nous, intellectuels européens profondément concernés par le destin de notre Patrie culturelle et historique, l’Europe, à la conclusion que nous avons grandement besoin d’une vision alternative du monde à venir, où la place, le rôle et la mission de l’Europe et de la civilisation européenne seraient différentes, plus grandes, meilleures et plus sûres que dans le cadre du projet de l’Empire global avec ses caractéristiques impériales par trop évidentes.
7. La seule alternative faisable dans les circonstances présentes est à ancrer dans le contexte d’un monde multipolaire. La multipolarité peut garantir à n’importe quel pays et civilisation sur la planète le droit et la liberté de développer son propre potentiel, d’organiser sa propre réalité interne en accord avec l’identité spécifique de sa culture et de son peuple, ainsi que de proposer une base fiable de relations internationales justes et équilibrées dans le concert des nations du monde. La multipolarité devrait être fondée sur un principe d’équité entre les différentes sortes d’organisations politiques, sociales et économiques de ces nations et États. Le progrès technologique et l’ouverture croissante des pays devrait promouvoir le dialogue entre, et la prospérité de, tous les peuples et nations. Mais dans le même temps, ne pas mettre en danger leurs identités respectives. Les différences entre les civilisations n’ont pas à culminer nécessairement dans un inévitable choc – contrairement à la logique simpliste de quelques écrivains américains. Le dialogue, ou plutôt le ‘polylogue’, est une possibilité réaliste et faisable que nous devrions tous poursuivre à cet égard.
8. En ce qui concerne directement l’Europe, et par contraste avec d’autres plans pour la création de quelque chose de ‘grand’ dans le vieux sens impérialiste du terme – que ce soit le Projet pour un Grand Moyen-Orient ou le programme pan-nationaliste pour une Grande Russie ou une Grande Chine – nous proposons, comme concrétisation de l’approche multipolaire, une vision équilibrée et ouverte de la Grande Europe comme nouveau concept pour le futur développement de notre civilisation dans ses dimensions stratégiques, sociales, culturelles, économique et géopolitiques.
9. La Grande Europe consiste dans le territoire contenu à l’intérieur des frontières qui coïncident avec les limites d’une civilisation. Ce genre de frontière est quelque chose de complètement nouveau, comme l’est le concept de l’État-civilisation. La nature de ces frontières suppose une transition graduelle – non pas une ligne abrupte. Cette Grande Europe devrait donc être ouverte à des interactions avec ses voisins à l’ouest, à l’est ou au sud.
10. Une Grande Europe dans le contexte général d’un monde multipolaire est conçue comme entourée par d’autres grands territoires, appuyant leurs unités respectives sur l’affinité des civilisations. Nous pouvons ainsi postuler l’apparition éventuelle d’une Grande Amérique du nord, d’une Grande Eurasie, d’une Grande Asie pacifique et, dans un avenir plus distant, d’une Grande Amérique du sud et d’une Grande Afrique. Aucun pays – hormis les États-Unis – en l’état actuel des choses, n’a les moyens de défendre sa vraie souveraineté, en ne comptant que sur ses propres ressources internes. Aucun ne peut être considéré comme un pôle autonome capable de contrebalancer la puissance atlantiste. La multipolarité réclame un processus d’intégration à large échelle. On pourrait l’appeler ‘une chaîne de globalisations’ – mais une globalisation sans limites concrètes – coïncidant avec les frontières approximatives de civilisations variées.
11. Nous imaginons cette Grande Europe comme une puissance géopolitique souveraine, avec sa propre identité culturelle forte, avec ses propres options sociales et politiques – basées sur les principes de la tradition démocratique européenne – avec son propre système de défense, incluant les armes atomiques, avec sa propre stratégie énergétique et d’accès aux ressources minérales, élaborant ses choix de paix ou de guerre avec d’autres pays ou civilisations en toute indépendance – tout ceci appuyé sur une volonté européenne commune et un processus démocratique dans la prise de décision.
12. Dans le but de promouvoir notre projet de Grande Europe et le concept de multipolarité, nous en appelons aux différentes forces dans les pays européens, ainsi qu’aux Russes, aux Américains, aux Asiatiques, à soutenir activement notre initiative au-delà de leurs options politiques, de leurs différences culturelles et de leurs choix religieux, à créer dans chaque place ou région des Comités pour une Grande Europe ou d’autres genres d’organisations partageant l’approche multipolaire, rejetant l’unipolarité, le danger croissant de l’impérialisme américain, et développant un concept similaire pour les autres civilisations. Si nous travaillons ensemble, affirmant avec force nos identités différentes, nous serons en mesure de fonder un monde meilleur, équilibré et juste, un Monde plus Grand où n’importe quelle forme digne de culture, de société, de foi, de tradition et de créativité humaine trouvera sa place adéquate et accordée.
Le Concordia : naufrage d’une société
Claude Bourrinet | Éditorial |

On se souvient du naufrage du Joola, au Sénégal, le 26 septembre 2002. Cette catastrophe fit 1953 morts, et, comme d'autres désastres maritimes, notamment en Asie du Sud-Est, fut considéré comme un symbole de la misère et de l'infortune des pays sous développés.
La navigation, le pilotage de bateaux, les hommes d'équipage et la figure du capitaine, furent de tout temps, en Occident, les ingrédients métaphoriques du politique, de l'Etat, du gouvernement des hommes. Dans notre âge des masses et des transports mondialisés, l’image a pris une valeur emblématique encore plus prégnante, débordant le domaine du pouvoir. La tragédie du Titanic, déjà, en 1912, anticipait les propos de Paul Valéry sur la caducité des civilisations. Réputé insubmersible, comme la Belle époque, si confiante dans le progrès scientifique et technique, le paquebot avait sombré rapidement, surprenant un monde si afféré à ses plaisirs. On n’avait pas, non plus, manqué de dénoncer l’inorganisation du sauvetage, l’incompétence de certains officiers, et surtout l’injustice qui prévalut à la sélection des personnes à sauver. La troisième classe, celle des émigrés pauvres qui lorgnaient vers l’utopie américaine, fut sacrifiée au profit des classes supérieures. Bien plus, l’orchestre jouant une dernière valse avant le dénouement fatal symbolisait une Europe brillante qui allait s’abîmer dans la grande tuerie de 14, la fleur au fusil.
Le destin du Concordia, à moitié coulé un vendredi 13, date de la dégradation du triple A de certains pays, au large de l’île de Giglio, en Toscane, n’est pas sans présenter non plus une image de ce qu’est la société contemporaine. Comme pour le Titanic, comme si l’Histoire se mettait à bégayer, l’état d’impréparation, le manque d’organisation, l’incompétence des hommes d’équipage, immigrés sous payés venant des quatre coins du monde, le temps fort long mis pour prendre des décisions, le mensonge qui consistait, comme pour le Titanic, à faire croire à un exercice, étaient des paramètres aggravants. Sans compter la fuite du capitaine, dédaigneux de l’honneur des marins, qui enjoint de couler avec son navire ! La prétention d’une époque qui envoie des hommes dans l’espace et s’attaque à l’infiniment petit empêchait d’imaginer qu’un tel monstre marin pût être si fragile. Bien sûr, le nombre de morts n’égale pas celui du Joola ou du Titanic : le navire a eu la chance de s’échouer à quelques mètres du rivage. Et pour cause ! Car les circonstances mêmes du drame sont emblématiques. Il semblerait que le désir de se plier à une tradition, somme toute récente, celle de la révérence, de l’ « inchino », qui consiste à passer au plus près du village de Grosseto toutes sirènes hurlantes et tout feux allumés, ait été pour beaucoup dans la catastrophe.
Car nous sommes dans un scénario que l’on pourrait appeler postmoderne. L’époque est à l’hyper démocratisation, à l’utopie bas de gamme, au rêve low cost, au paradis de masse. Le monstre peut contenir 5000 passagers, un village important, une petite ville. Comme la prolifération des charters, des parcs d’attraction, des spectacles énormes à Bercy ou ailleurs, il correspond à la demande d’une société où la grosse classe moyenne s’est presque universalisée. On veut du luxe, de l’amusement pour une somme relativement modique. La société du spectacle populaire a colonisé la terre et la mer.
Est-ce un hasard si un naufrage pareil, aussi grotesque (n’étaient les quelques morts) a lieu exactement au moment où le système mondialisé de la consommation de masse s’effondre et annonce la fin d’un univers de pacotille et de fausseté marchande ? Les dieux ne se montrent pas, mais font signe…
La navigation, le pilotage de bateaux, les hommes d'équipage et la figure du capitaine, furent de tout temps, en Occident, les ingrédients métaphoriques du politique, de l'Etat, du gouvernement des hommes. Dans notre âge des masses et des transports mondialisés, l’image a pris une valeur emblématique encore plus prégnante, débordant le domaine du pouvoir. La tragédie du Titanic, déjà, en 1912, anticipait les propos de Paul Valéry sur la caducité des civilisations. Réputé insubmersible, comme la Belle époque, si confiante dans le progrès scientifique et technique, le paquebot avait sombré rapidement, surprenant un monde si afféré à ses plaisirs. On n’avait pas, non plus, manqué de dénoncer l’inorganisation du sauvetage, l’incompétence de certains officiers, et surtout l’injustice qui prévalut à la sélection des personnes à sauver. La troisième classe, celle des émigrés pauvres qui lorgnaient vers l’utopie américaine, fut sacrifiée au profit des classes supérieures. Bien plus, l’orchestre jouant une dernière valse avant le dénouement fatal symbolisait une Europe brillante qui allait s’abîmer dans la grande tuerie de 14, la fleur au fusil.
Le destin du Concordia, à moitié coulé un vendredi 13, date de la dégradation du triple A de certains pays, au large de l’île de Giglio, en Toscane, n’est pas sans présenter non plus une image de ce qu’est la société contemporaine. Comme pour le Titanic, comme si l’Histoire se mettait à bégayer, l’état d’impréparation, le manque d’organisation, l’incompétence des hommes d’équipage, immigrés sous payés venant des quatre coins du monde, le temps fort long mis pour prendre des décisions, le mensonge qui consistait, comme pour le Titanic, à faire croire à un exercice, étaient des paramètres aggravants. Sans compter la fuite du capitaine, dédaigneux de l’honneur des marins, qui enjoint de couler avec son navire ! La prétention d’une époque qui envoie des hommes dans l’espace et s’attaque à l’infiniment petit empêchait d’imaginer qu’un tel monstre marin pût être si fragile. Bien sûr, le nombre de morts n’égale pas celui du Joola ou du Titanic : le navire a eu la chance de s’échouer à quelques mètres du rivage. Et pour cause ! Car les circonstances mêmes du drame sont emblématiques. Il semblerait que le désir de se plier à une tradition, somme toute récente, celle de la révérence, de l’ « inchino », qui consiste à passer au plus près du village de Grosseto toutes sirènes hurlantes et tout feux allumés, ait été pour beaucoup dans la catastrophe.
Car nous sommes dans un scénario que l’on pourrait appeler postmoderne. L’époque est à l’hyper démocratisation, à l’utopie bas de gamme, au rêve low cost, au paradis de masse. Le monstre peut contenir 5000 passagers, un village important, une petite ville. Comme la prolifération des charters, des parcs d’attraction, des spectacles énormes à Bercy ou ailleurs, il correspond à la demande d’une société où la grosse classe moyenne s’est presque universalisée. On veut du luxe, de l’amusement pour une somme relativement modique. La société du spectacle populaire a colonisé la terre et la mer.
Est-ce un hasard si un naufrage pareil, aussi grotesque (n’étaient les quelques morts) a lieu exactement au moment où le système mondialisé de la consommation de masse s’effondre et annonce la fin d’un univers de pacotille et de fausseté marchande ? Les dieux ne se montrent pas, mais font signe…
Inscription à :
Articles (Atom)