En 1964, le projet fut renommé MKSEARCH. Le but était de produire un sérum de vérité (également nommé la sauce) parfait destiné aux interrogatoires de personnes soupçonnées d'être des espions soviétiques et plus généralement d'explorer les techniques de contrôle mental.
En 1972, Richard Helms, directeur de la CIA ordonne la destruction des archives du projet. Il est donc difficile d'avoir une compréhension complète de MKULTRA étant donné que plus de 150 sous-projets différents ont été financés dans le cadre de ce programme. Le projet fut définitivement stoppé en 1988.
L'Agence dépensa des millions de dollars dans des études ayant pour objet de tester littéralement des douzaines de méthodes pour influencer et contrôler l'esprit. Un document MKULTRA de 1955 donne une indication de l'ampleur de l'effort consenti ; ce document fait référence à l'étude d'un assortiment de substances qui altèrent l'esprit comme suit : [1]
- Substances provoquant un raisonnement illogique et une impulsivité au point que le sujet se discréditera en public.
- Substances augmentant les capacités mentales et les capacités de perception.
- Substances empêchant ou contrariant les effets toxiques de l'alcool.
- Substances augmentant les effets toxiques de l'alcool.
- Substances produisant les signes et symptômes de maladies connues de façon réversible, pouvant être ainsi utilisées pour simuler les malades, etc.
- Substances rendant la persuasion de l'hypnose plus facile ou qui augmentent son utilité.
- Substances renforçant les capacités de l'individu à supporter privation, torture et coercition pendant un interrogatoire ou lavage de cerveau.
- Substances et méthodes physiques produisant l'amnésie des événements se déroulant avant et pendant leur utilisation
- Méthodes physiques pour produire choc et confusion sur de longues périodes et susceptibles d'être utilisées de façon furtive.
- Substances provoquant des incapacités physiques comme paralysie des jambes, anémie aigüe, priapisme, etc.
- Substance produisant une euphorie « pure », sans « redescente ».
- Substances altérant la personnalité de telle façon que la tendance du sujet à devenir dépendante d'une autre personne est augmentée.
- Substances causant une telle confusion mentale que l'individu sous son influence lors d'un interrogatoire trouvera difficile de soutenir une histoire fabriquée.
- Substances qui font baisser l'ambition et l'efficacité générale de l'homme lorsqu'administrées en quantités indétectables.
- Substances qui provoquent faiblesse et distorsion visuelle ou auditive, de préférence sans effets permanents.
- Pilule assommante qui peut être administrée subrepticement dans la nourriture, les boissons, les cigarettes, ou sous forme d'aérosol, etc., qui peuvent être utilisées en toute sécurité, provoquent une amnésie maximum, et qui pourraient convenir à certains types d'agents sur une base ad hoc.
- Substances qui peuvent être administrées subrepticement par les voies supérieures, et qui en très petites quantités rendent impossible toute activité physique
Les documents de la CIA suggèrent que l'agence a pensé à utiliser des radiations dans le cadre du projet. La plupart des expériences ont consisté en l'utilisation de psychotropes, particulièrement le LSD. Les expériences se sont déroulées sur des employés de la CIA, du personnel militaire, d'autres agents du gouvernement, des prostituées, des personnes affligées de pathologies mentales et des membres du public, généralement sans l'assentiment du sujet.
Les expériences ont parfois pris une tournure sadique. Gottlieb enfermait ses victimes dans des chambres de carence sensorielle après leur avoir injecté du LSD. Il enregistrait les patients souffrant de troubles mentaux lors de leurs thérapies et repassait les passages les plus dégradants des enregistrements en continu à travers des casques audio après que les patients furent vêtus de camisoles de force et sous LSD. Gottlieb était lui-même un consommateur fréquent de LSD, s'enfermant dans son bureau et prenant des notes détaillées sur les effets de la drogue.
Les efforts pour recruter les sujets étaient parfois illégaux même s'il n'y avait pas forcément de prise de drogue. Au cours de l'Operation Midnight Climax, la CIA a utilisé des prostituées pour obtenir des sujets qui seraient trop embarrassés pour parler des expériences. Les chambres des maisons closes étaient équipées de miroirs sans tain et les sessions étaient enregistrées pour des analyses ultérieures. Les clients buvaient de l'alcool dans lequel du LSD avait été ajouté et les prostituées travaillaient sous la surveillance d'agents de la CIA.
Certaines expériences étaient parfois volontaires, les sujets étaient alors victimes d'expériences encore plus dures. Lors d'une expérience, une sélection de volontaires a consommé du LSD en continu durant 77 jours.
Le LSD fut finalement rejeté par les chercheurs en raison de ses effets imprévisibles.
Une autre technique consistait à injecter des barbituriques par intraveineuse dans un bras et de la méthamphétamine dans l'autre. Les barbituriques étaient libérés en premier, et aussitôt que le sujet commençait à s'endormir les amphétamines étaient injectées. Le sujet déclamait alors des propos incohérents mais il était parfois possible de l'interroger et d'obtenir des réponses intéressantes. Le traitement fut rejeté car il en résultait parfois la mort du patient en raison des effets secondaires de la combinaison des médicaments, ce qui rendait toute interrogation ultérieure impossible. D'autres expériences ont utilisé l'héroïne, la mescaline, la psilocybine, la scopolamine, la marijuana, l'alcool et le thiopental.
Quatre sous-projets (102,103,112 et 117) étaient axés sur des enfants, notamment avec la complicité du Centre International de vacances d'été pour enfants (International Children Summer Camp). La CIA n'a jamais reconnu ces expériences, malgré le témoignage et les documents de certains psychiatres et psychothérapeutes déclarant avoir soigné des enfants victimes de ces expérimentations.[1][2]
Malgré le fait que l'opinion générale mise de l'avant par les médias est qu'il n'y a pas de preuves que la CIA (ou qui que ce soit) ait réussi à contrôler les actes d'une personne à travers les techniques de contrôle mental testées dans le projet MKULTRA, plusieurs livres de victimes ayant survécu à ces expériences et ayant retrouvé leurs mémoires tels que « Thanks for the Memories » de Brice Taylor ou « Transe-Formation of America » de Cathy O'Brien tendent à prouver le contraire. Le 3 août 1977 se tint l'ouverture de la 95ième audition du Congrès Américain dans les rapports d'abus concernant les recherches sur le contrôle mental de la CIA appelé MK-ULTRA. Le 8 février 1988, une victime de haut niveau MK-Ultra, étant libre de son esclavage mental de l'Intelligence américaine poursuivit le gouvernement durant 7 longues années. La poursuite judiciaire et les preuves accablantes pour le gouvernement américain, firent arrêter le procès pour raisons de « Sécurité Nationale ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire