samedi 5 février 2011

FOIBE

Les foibe (pluriel de foiba, terme italien dérivé du latin fovea, fosse) sont des cavités et des crevasses naturelles, des grottes, d'origine karstique, qui s'ouvrent à l'extérieur par des gouffres verticaux. Elles se trouvent dans des régions italiennes ou autrefois italiennes.
Ces gouffres furent au cours des siècles le théâtre de nombreuses tragédies, et en particulier vers la fin de la Seconde Guerre mondiale lors de l'occupation yougoslave de la ville de Trieste et des régions du nord-est de l'Italie. Des milliers de personnes y ont été assassinées.

Elles sont répandues surtout dans la province de Trieste, dans certaines zones de Slovénie ayant appartenu autrefois à la région italienne de Vénétie julienne, aujourd'hui disparue, ainsi que dans de nombreuses zones de l'Istrie et de la Dalmatie.

Des milliers de personnes, essentiellement des Italophones (entre 4 000 et 12 000, 17 000 au total sans tenir compte des nationalités), furent précipitées dans ces gouffres, morts ou vivants, essentiellement par les partisans communistes du maréchal Tito, à partir du 8 septembre 1943,date de la débandade des armées régulières italiennes, après la signature de l'armistice consécutif au départ de Mussolini. Très vite, l'Allemagne reconquiert les zones prises par les Yougoslaves et occupe toute la région, ce qui interrompt, un temps, les massacres. Ces massacres, qui connurent leur apogée en mai et juin 1945, lors de l'arrivée presque conjointe des Yougoslaves et des Alliés à Trieste, se poursuivirent jusqu'en 1947 où le traité de paix de Paris mit fin aux hostilités mais provoqua le départ de nombreux habitants de la région pour l'Italie.

Les massacres des foibe furent une opération délibérée de nettoyage politique (voire ethnique), voulue par le maréchal Tito pour assurer par la terreur sa domination sur la Vénétie julienne et l'Istrie (et donc sur la population italienne) mais aussi pour se débarrasser d'opposants politiques y compris yougoslaves. Privées de toute sorte de « justification » morale ou sociale, les foibe de Tito virent la mise en œuvre d'un probable nettoyage ethnique et selon toute vraisemblance politique : outre des Italiens, qu'il s'agisse d'innocents ou d'ex-fascistes, périrent aussi des partisans opposés à la Yougoslavie de Tito. Elles entraient dans un plan général visant à annexer pour étendre le territoire yougoslave toutes les zones peuplées en majorité d'Italiens mais où existait une minorité linguistique slave, aussi minime soit-elle, c’est-à-dire l'Istrie, une partie de la Dalmatie mais aussi le Frioul jusqu'au Tagliamento. Trieste est occupée avant Zagreb ou Ljubljana — les ordres reçus par la IVe armée yougoslave étaient clairs : arriver coûte que coûte avant les Alliés à Trieste — les Néo-Zélandais n'entreront à Trieste que le lendemain.

Ce sujet est longtemps resté tabou en Italie. Le nombre total des victimes, quelle que soit leur nationalité, est estimé actuellement à environ 17 000 personnes.

Actuellement, les passionnés de spéléologie qui veulent explorer des grottes inconnues en Slovénie doivent d'abord faire une demande officielle pour obtenir un permis du ministère slovène de l'intérieur. Malgré ces limitations, chaque année de nouvelles foibe contenant des restes humains sont découvertes dans des lieux peu connus ou dans des terrains privés.
Une journée du souvenir (giornata del ricordo), « en mémoire des victimes des foibe et de l'exode des Istriens, des habitants de Fiume et des Dalmates », pour commémorer ces massacres, a été instituée en Italie en 2004 par une loi sur le projet du gouvernement de Silvio Berlusconi — sous la pression notamment de l'Alliance nationale. Elle se fête le 10 février, date du traité de Paris de 1947 qui mit fin aux massacres et donna l'essentiel de l'Istrie à la Yougoslavie. La première commémoration a eu lieu le 10 février 2005.

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