mardi 22 février 2011

la revolution arabe en europe

Le sot, le pédant, le cuistre et le fanatique prennent le savoir pour un signe (j'exhibe des traits culturels et des vestiges, donc je suis). Il est certain que l'ignorance que manifestent par exemple les lecteurs de Fdsouche (et qui sont probablement des adhérents ou sympathisants des ligues du sud, du nord et de toutes les directions, surtout celle de Jérusalem), est presque un trait culturel ostentatoire. Rien à voir avec l'ignorance qui se sait. D'autant plus que cet ethnocentrisme bête (à ne pas confondre avec le patriotisme) débouche (ou cache) le racisme le plus répugnant. S'il arrive d'avoir des mots contre les Noirs et les Arabes, c'est par réaction contre un discours antiraciste manipulé, artificiel et tartuffard : la survalorisation du beur ou du black est un moyen de détruire la France et l'Europe. D'où une dépréciation quasi automatique des (faux) protégés de la Ripoublique. Mépris qu'on peut par ailleurs distribuer aux Français de souche (pourquoi être pingre en cette matière ?), quand ils se comportent comme des idiots ou des serfs, ce qui est le cas pratiquement tout le temps (comme ne cessait de le répéter Céline).

En revanche, et malgré les torsions propagandistes des médias, qui ne montrent que ce qu'ils veulent et avec leur propre vision, les images ou les paroles de Tunisiens, d'Egyptiens ivres de liberté (même si elle sera confisquée ou domestiquée), tout à coup dignes, courageux, redressés, fiers, épanouis, après avoir essuyé la brutalité des sbires d'en face, de ces pourris vendus aux Américains et aux sionistes (365 morts durant les journées de révolte égyptienne : songeons à ce que cela donnerait en France… mais ce ne sont que des Arabes…), eh bien ! on se dit que de telles images font du bien, que la situation n'est pas désespérée, et que tout peut arriver, y compris ici. Quoi qu’en pense l’identitaire (terme idéologique assez brumeux) lambda, pataugeant dans ses préjugés racistes, et bien que je ne sois pas un fanatique de 89, et quand bien même le menu fretin trotscard, à la suite de l’inénarrable facteur de Neuilly, adoreraient aussi (c’est le rôle que lui donne la société du spectacle), on ne peut qu’éprouver du bonheur à contempler un peuple qui tente de se défaire de ses chaînes. Bien sûr, il y a bien du chemin pour identifier ces dernières. Mais je crois que la conscience qu’apporte, de force, toute humiliation, a donné une certaine sagesse aux masses arabes. Celle d’abord de ruser avec un pouvoir sanguinaire, prêt à tirer dans le tas si les intérêts américano-sionistes sont vraiment en danger. Rares sont les « révolutions » où l’on voit les émeutiers saisir intelligemment le moment où il faut se limiter, d’autres où il faut avancer, et les mots d’ordre idoines, capable de fédérer le maximum de gens. La personnalisation de l’adversaire (Ben Ali, Moubarak) était un coup de maître, capable de faire sauter le verrou. Il reste bien sûr l’essentiel, la mise à bas d’un système, d’un « mur » disent certains, qui a tenté d’arrêter l’Histoire, et qui est une conséquence de l’après-guerre, une après-guerre qui n’en finit pas de finir.

Nous passons indéniablement à une nouvelle époque. Les anciens discours ne fonctionnent plus, les vieilles dichotomies droite/gauche sont décrédibilisées, le conglomérat américano-sioniste s’essouffle sous la pression externe des empires émergents et par un effondrement interne, dont les événements méditerranéens sont une illustration. C’est à nous de saisir cette occasion, nous, Européens, qui n’existons pour l’instant pas plus qu’une feuille morte qu’un vent mauvais pousse dans la mauvaise direction.

La vision des arabo-musulmans qu’ont certains comme l’Autre absolu, l’ennemi, non seulement est fausse, une sorte de remugle d’une Histoire falsifiée (il faut lire l’ouvrage de Franco Cardini : Europe et Islam), mais fort dangereuse, car elle nous transforme en harkis du camp atlantiste (et même pas en collabos !). Si nous voulons agir sur l’Histoire, recouvrer notre puissance et notre liberté, accéder enfin à un destin digne, nous devons nous démettre de certains stéréotypes qui frisent la bêtise pure et simple.

Non, l’immigration ne porte pas l’islamisme comme le grain porte l’orage.

Non, un empire musulman, débarrassé des salafistes alliés des Américains et d’Israël, n’est pas plus un danger que l’ « empire » yankee.

Oui, un accord avec les forces qui s’éveillent outre-Méditerranée comporte des avantages pour nous.

Non, ces événements n’entraîneront pas plus émigration que maintenant : au contraire.
Oui, nous pouvons nous comprendre, grâce à un approfondissement de la longue Histoire (nous sommes frères parfois ennemis, souvent complices – songeons au substrat philosophique qui nous unit, le platonisme et l’aristotélisme).

Oui, il est possible de restaurer un empire européen, peut-être avec nos amis russes, qui établira des liens civilisationnels avec un empire musulman, et tentera de sortir de l’ornière capitaliste, libéral-libertaire.

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