samedi 5 février 2011

IL N'Y A QUE CA QUI COMPTE...

Les esprits forts de l'époque, c'est-à-dire à peu près tout le monde sauf les arriérés appelés « réactionnaires » ou « fascistes », le savent bien et ne cessent d'ailleurs de le répéter avec la plus grande conviction : il n'y a jamais eu d'âge d'or et toute nostalgie, même mesurée, est une névrose mentale nourrie de peur, de frilosité et d'obscurantisme étriqué.

Partant de ce principe il convient de ne regarder le passé que pour en dénoncer les crimes odieux et se féliciter de vivre dans un monde où la consommation a remplacé les idéologies et où le métissage universel a pris la place des identités héritées, criminogène par nature comme chacun sait.

Soit. Réjouissons nous donc à l'instar des autres adorateurs bienheureux de ce nouveau dogme et félicitons-nous tous les matins de nous éveiller dans une société dont toutes les différences (autres que pécuniaires bien sûr…) ont été extirpées et où l'individu arraché à l'ensemble des étouffants déterminismes des époques sombres est enfin livré à lui-même.

Sans racines, sans place définie, sans hiérarchie admise ni ordre supérieur, il est enfin libre d'errer toute son existence à la recherche de buts et de justifications que son ego hypertrophié finira par apercevoir dans le consumérisme compulsif. Il n'y a qu'à se  promener dans la rue pour voir à quel point cela le rend épanoui et heureux.


Ayant conquis de haute lutte l'accès au paradis de l'indifférenciation, il n' plus ni ami ni ennemi et on se demande bien au nom de quoi certains voudraient encore qu'il défende dans la rue la victime avec laquelle il n'a désormais pas plus de « liens » qu'avec ses agresseurs. L'homme goûte donc enfin le bonheur de la solitude et du règne du Moi, denrées jadis réservées  à quelques artistes et quelques caractères ou esprits hors normes.

Mais aujourd'hui ces temps odieusement élitistes sont heureusement révolus et tout le monde est un homme d'exception qui a le droit de percevoir une parcelle de cette liberté dont le poids immense et écrasant a emporté tant de génies du passé.

Débarrassé de l'horreur des mariages arrangés, des obligations familiales, des devoirs réciproques de la vassalité, de la natalité « subie » et de l'aliénation du travail, le joyeux moderne peut profiter pleinement de l'assistanat d'Etat, du « chat » sur Meetic, des pétards devant TF1, des soirées playstation et des saouleries en boite de nuit.

Il vit, pense et agit comme un porc mais tel est son choix.

Et il n'y a bien que cela qui compte

zentropa.

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