mercredi 26 janvier 2011

L' EUROPE DES PETITS PEUPLES.

Qu’on lui soit hostile ou favorable, il y a plusieurs manière de voir l’Europe.

Pour les uns, l’Europe, c’est l’Union européenne constituée de la somme des États qui en sont membres. Pour d’autres, l’Europe c’est plus que cela et, aux États existants, ils ajoutent les « nations sans États », les régions et les minorités nationales. Mais cette vision des choses est peu fréquentes et ce qui fait la diversité de notre continent est méconnu d’une grande partie des citoyens européens.

Mikael Bodlore-Pendlaez qui a consacré de nombreuses années a effectuer des recherches sur cette « diversité souterraine », nous en livre le résultat en dressant, dans l’Atlas des nations sans États en Europe, un panorama complet des minorités ethniques et linguistiques européennes.

Dans sa première partie, cet Atlas nous donne les outils nécessaires à une bonne compréhension de la situation : définition des termes, législations, langues pratiquées en Europe et partis politiques représentants les minorités.

La deuxième partie nous fait découvrir les vingt-six « nations sans États » d’Europe. Si on reconnaît parmi elles un bon nombre de dénominations habituelles (Bretagne, Corse, Alsace, Flandre, etc.) d’autres permettent de se rendre compte que notre culture n’est pas si étendue qu’on se l’imaginait. Quid en effet de la Gagaouzie et de l’Arpitanie ? Quid aussi des peuples rhéto-romans que sont les Frioulans, les Romanches et les Ladins ? Quid encore de la Sorabie et de la Cachoubie ? Sans vouloir divulguer le contenu de l’ouvrage, précisons que les Gagaouzes sont le seul peuple turc et chrétien européen (il y réside depuis le IX° siècle et il contribua à anéantire l’Empire Khazar…) et que les Arpitans sont les autochtones de la Savoie et du Val d’Aoste qui se proclament à la fois les héritiers des Allobroges et du royaume des Burgonde. Les rhéto-romans sont, pour leur part, des ethnies celtes latinisée au début de notre ère dont la langue est issue du latin vulgaire. Quand à la Sorabie et à la Cachoubie, c’est la terre de tribus slaves englobées dans le Reich allemand lors de son Drang nach Osten…

Dans une troisième partie, Mikael Bodlore-Pendlaez aborde le cas des « minorités nationales et nouvelles revendications ». Si les minorités nationales sont faciles à identifier puisqu’il s’agit de membres de peuples dotés d’un État mais résidant dans les frontières d’un autre (les Allemands des pays de l’Est, les Hongrois de Roumanie, etc.) les « nouvelles revendications » évoquent des cas moins connus de régions à forte identités ou de très petits peuples, parfois dispersés entre plusieurs États, qui peinent à structurer leurs revendications identitaires. Parmi les régions on citera l’Andalousie, la Galice ou l’Aragon en Espagne, la Lombardie, le Piémont ou la Vénétie en Italie, la Scanie en Suède, etc. Quand aux très petits peuples leurs noms (les Ingres, Votes, Lives, Voro, Seto, Latgaliens, etc.) ne diront sans doute rien à nos lecteurs tant leur faible nombre (de 2000 à 70000) fait que ces peuples sont déjà quasiment disparus… À l’exception des Vlakhs ou Aroumains dont l’Atlas nous apprend qu’ils durent leur brève indépendance à l’Italie fasciste qui créa pour eux la principauté de Pinde en 1941 et que leur personnalité la plus connue est mère Tereza (habituellement présentée comme Albanaise).

La disparition des peuples est un thème que n’aborde étrangement pas Mikael Bodlore-Pendlaez. De même, il ne parle absolument pas de l’immigration. Et pourtant, les deux problèmes sont étroitement liés. Pourquoi, en effet, lutter pour la survie culturelle d’un peuple quand celui-ci est progressivement remplacé par une immigration de peuplement ? À ce propos, le Pays basque est la communauté d’Espagne la plus ouverte à l’immigration. Humainement c’est peut être louable, mais historiquement est-ce que ça l’est réellement ? À donc quoi auront servi les milliers de victimes tombés pour la cause basque quand on ne croisera plus dans les rues des villes d’Euzkadi qu’une population soit métissée soit issue du Maghreb, de l’Amérique latine ou de l’Extrême-Orient

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