lundi 17 janvier 2011

LE DECLIN DE L'OCCIDENT

I. Un choc des civilisations...
Les événements récents auront démontré, à qui veut bien le voir, que les valeurs occidentales prétendument universelles ne le sont pas tant que cela et que la croyance en l'occidentalisation progressive de tous les peuples relève au mieux d'un ethnocentrisme mal placé, au pire de considérations géopolitiques erronées.
Dans un brillant essai (1), Samuel Huntington décrit ce face à face entre un monde occidental déclinant qui espère encore pouvoir s'imposer légitimement à tous et d'autres mondes (notamment asiatique et musulman) en net regain de forme et surtout de confiance. N'en déplaise aux optimistes béats, ces deux mondes n'ont nullement envie de ne jurer que par les termes de démocratie universelle, de droits de l'homme et de libertés à outrance. Ces valeurs (notons-le pour la plupart déformées voire vidées de leur sens dans nos sociétés) ne vont de soi que pour la civilisation qui les a engendrées au fil des siècles. Car les autres civilisations ont curieusement elles aussi des valeurs qu'elles jugent universelles et qu'elles aimeraient voir imposées à cet occident si sûr de lui.
C'est que ces "nouveaux" mondes qui connaîtront leur apogée (économique ou démographique) au milieu du XXIe siècle ont maintenant les moyens de ne plus s'en laisser conter ; la jeunesse de leur population (monde musulman) et la promesse de leur économie (monde asiatique) sont autant de menaces sérieuses pour l'occident qui est bien obligé de revoir à la baisse ses velléités d'impérialisme économique et idéologique. Certes, celui-ci domine encore économiquement mais déjà son influence idéologique est remise en cause et fait l'objet de rejets plus ou moins violents de la part de pays qui avaient essayé de s'y soumettre. Ainsi un pays comme la Turquie que Kemal Atatürk s'était attelé à laïciser entièrement, retrouve aujourd'hui des envies de régime islamiste. A méditer alors qu'il est question que ce pays fasse son entrée dans l'Union européenne... La Chine, quant à elle, est de plus en plus agacée par les rappels à l'ordre occidentaux en ce qui concerne les droits de l'Homme et passe souvent outre ces " bienveillantes " recommandations.
Bref, la civilisation des lumières ne fait plus recette, et ces concurrents, comme l'analyse très bien Huntington, n'ont accepté de nous que la modernisation mais nullement l'occidentalisation. La preuve en est donnée par ces étudiants, bardés de diplômes, qui semblaient parfaitement intégrés au monde de vie occidental et qui pourtant n'ont pas hésité à tuer au nom de Dieu et se sont révélés de véritables fous d'Allah, dans ces conditions, quel crédit accorder à une soi-disant intégration réussie ? Ils n'ont pris dans notre monde ce qui les arrangeait (savoir-faire, connaissances scientifiques et techniques) pour les adapter à leur système de valeurs. En d'autres termes la croyance naïve en l'adoption automatique par ces peuples de nos valeurs est une grave erreur dont on n'a pas fini de payer le prix.
Dans La science et la technique (2), Oswald Spengler, qui a su à de nombreux sujets faire preuve d'une belle lucidité, avait prévu ce retournement des peuples du "tiers-monde" formés scientifiquement et techniquement par l'Occident contre celui-ci. Le philosophe allemand va nous amener à parler du déclin de l'Occident.
II. Ou l'occident n'est pas le mieux placé
Car Spengler avait aussi mis à jour le déclin de l'occident dans une oeuvre magistrale (3) ou dès 1920 il en pointait les symptômes. Citons :
- La disparition du paysan au profit du citadin ;
- L'avènement des grandes villes laides et cosmopolites ;
- La disparition des "beaux-arts" ;
- La baisse des mariages et l'augmentation du célibat (faire des enfants pose des problèmes) ;
- La croyance en une possibilité de paix universelle (témoignage d'un état de fatigue).

Les observations actuelles en termes de démographie ou de couverture territoriale corroborent ce diagnostic :
- Ainsi en 1900 l'occident contrôlait 44,3 % de la population mondiale contre 4,2 pour le monde musulman, aujourd'hui les pourcentages sont respectivement de 11,5 et 17,9 ;
- En ce qui concerne les territoires sous le contrôle des civilisations, en 1900 l'occident en contrôlait 38,7 % contre 6,8 pour les musulmans, en 1993, 24,2 contre 21,1.
(Le choc des civilisations)

On peut évidemment discuter ce terme de déclin à la connotation très négative et penser que si le monde antique a connu, lui aussi la chute que nous vivons, il n'a pas complètement disparu puisqu'il est à l'origine de notre civilisation et que son influence dans des domaines comme la science ou la philosophie a été déterminante pour notre développement. Mais force est de constater que l'Occident a perdu de sa superbe et que face aux menaces grandissantes, il doit trouver des solutions pour enrayer cette chute ou tout du moins ne pas disparaître. Voyons quelles sont ces possibilités de survie.
III. Mais possède des ressources

Plusieurs cas de figures peuvent être envisagés :
1) TRANSMETTRE
L'occident n'arrive pas à enrayer son déclin, il est submergé démographiquement et battu économiquement. Cependant des points de résistance demeurent et ses valeurs continuent à être transmises de génération en génération en attendant qu'elles soient à la base d'une civilisation nouvelle, il survit donc indirectement.

2) AGIR
Le déclin n'est pas irréversible et ce qui apparaissait comme une chute libre n'était qu'un état de fatigue passager, il se ressaisit et contre-attaque brillamment comme il l'a fait il y a à peu près exactement 1269 ans. La reconquista permet de retrouver les territoires passés sous contrôle adverse.

3) REFLECHIR
L'occident a atteint un niveau de développement culturel et scientifique qui lui permet de survivre à son déclin et de rester un monde phare malgré sa faiblesse démographique.

D'autres solutions existent, on choisira l'une ou l'autre selon son état d'optimisme. Ces différents scénarii ne doivent pourtant pas nous faire oublier notre présent et voici quelques idées qu'il me semble intéressant de ne pas perdre de vue :
- Considérer la paix universelle comme une escroquerie ;
- Se rappeler que si les valeurs occidentales se sont imposées à une époque, c'est par la force (impérialisme), leur défense n'en nécessite pas moins ;
- Garder à l'esprit que soutenir une autre civilisation adverse en ne voyant que les intérêts à court terme est un danger mortel à long terme (E.U en Bosnie et au Kosovo, Croates en Bosnie qui soutinrent à chaque fois les musulmans) ;
- Envisager un rapprochement des occidentaux : E.U débarrassés de leurs excès (l'Amérique de Buchanan !) /Europe/Russie qui sont tous menacés actuellement par le même ennemi mortel.


Dans cette tribune libre, j'ai tenté de replacer l'Occident à sa place, c'est-à-dire à une place qui n'est plus ce qu'elle était... Le pessimisme qui peut s'en dégager ne vise pas à l'abattement mais au réalisme indispensable au sursaut salvateur. Loin de l'angélisme des mondialistes-internationalistes qui espèrent encore faire triompher leur panoplie de clichés un peu partout, nous devons être conscients que l'heure n'est plus à l'offensive et à l'impérialisme occidental mais à la défensive, position plus délicate mais plus intéressante car la politique noble reprend ses droits. Quand un président européen modéré arrive d'une phrase à résumer le clivage mondial actuel, c'est que la situation a été admise consciemment ou inconsciemment par la plupart. Quand les dérapages d'un événement sportif sont maladroitement dissimulés dans la panique, c'est que la tolérance des téléspectateurs électeurs semble changer de camp... Bref à part quelques marxistes perdus dans leurs utopies infantiles et complètement décalées par rapport aux événements actuels, la majorité de la population, si elle n'ose parler, VOIT et COMPREND. Cette prise de conscience ne peut qu'augmenter malgré les efforts désespérés et pas toujours très habiles de certains pour en faire voir le moins possible. A nous d'en profiter.
Pour finir, quelle que soit la tournure des événements, que la tendance s'inverse ou que l'occident n'arrive pas à se ressaisir malgré une situation qui n'aura jamais été si favorable aux nationalistes européens, nous, gardiens de l'âme européenne, nous continuons notre combat : réfléchir, agir, transmettre et comme l'a si bien dit Spengler :
" Nous sommes nés avec ce temps et devons poursuivre avec vaillance, jusqu'au terme fatal, le chemin qui nous est tracé. Il n'y a pas d'alternative. Notre devoir est de nous incruster dans cette position intenable, sans espoir, sans possibilité de renfort. Tenir, tenir à l'exemple de ce soldat romain dont le squelette a été retrouvé devant une porte de Pompéi et qui, durant l'éruption du Vésuve, mourut à son poste parce qu'on avait omis de venir le relever. Voilà qui est noble. Voilà qui est grand. Une fin honorable est la seule chose dont on ne puisse pas frustrer un homme. " (2)
Amitiés européennes.

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