samedi 15 janvier 2011

revolte social en tunisie pour quand en europe?

Ce que révèle cet ensemble, c'est que la doctrine d'emploi des forces policières et militaires, unifiée par l'influence des opérations en Afghanistan, est offerte tout azimuts comme une expertise technique, préconisée dans une partie du Livre blanc sur la défense, pour servir éventuellement à la répression des troubles sociaux internes. Cette tendance fait partie d'une stratégie à l'entraînement et qui paraît tout à fait légitime au pouvoir actuel, même si cette doctrine parait plutôt illégitime aux trois armes, réunifiées de force par l'inclusion de la gendarmerie dans la police.
En prenant le parti du peuple tunisien contre Ben Ali, nous nous plaçons dans la perspective d'une redéfinition claire de la politique de défense et de sécurité des démocraties, telle qu'elle se présente désormais dans l'Union européenne et chez ses voisins. La vraie menace, la violence offensive, c'est la menace économique et sociale qui découle des critères purement spéculatifs que la dominance du secteur financier a imposé par la dérégulation des marchés. Les «nouvelles menaces» sont désormais les catastrophes sociales et écologiques, induites visiblement par les crises financières successives. Les véritables adversaires, ce sont les groupes financiers transnationaux, ou les dirigeants corrompus, complètement dégagés de toute responsabilité sociale localisée, et qui doivent être désignés comme « l'ennemi » des démocraties et traités comme tels, en toute justice, par la loi et la justice internationale.
Ce que nous dit l'insurrection tunisienne, c'est que cette justice et cette loi auront du mal à émerger. Mais la période n'est plus au contrôle  des comportements violents des jeunes chômeurs –fils de chômeurs de nos banlieues– ou à la chasse au terroristes religieux maffieux ou paramilitaires. Il faudra partout traiter les causes, celles de l'effondrement des revenus des classes populaires, et évaluer les responsabilités des personnels politiques au pouvoir; les écarter du pouvoir dans la mesure où les gouvernements paraissent avoir décidé de n'y faire face que par la répression: ce qu'on peut appeler désormais le «modèle tunisien».
Méditer sur la défense de la Liberté politique, sur l'Egalité sécuritaire des habitants qui est le contraire de la précarisation, et sur la Fraternité de la société, qui s'oblige à secourir les habitants dans le besoin quand la survie économique du peuple est menacée, cela ne sonne pas comme un simple rendez-vous d'experts, mais comme une question vitale énoncée par la déclaration des droits de l'homme de 1793, de 1848, de 1945, pour la défense et le maintien de l'identité civique et de la mobilisation sociale, seule garantie de l'indépendance et de la liberté  démocratique.

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